France : l'Occitanie débloque 300 000 € d’aide d’urgence face à la crise de dermatose nodulaire contagieuse
- Carole Delga annonce un soutien immédiat aux éleveurs touchés, alors que la tension monte en Ariège et dans les Hautes-Pyrénées, où des abattages sanitaires suscitent blocages, affrontements et mobilisations agricoles
Istanbul
AA / Istanbul / Seyma Erkul Dayanc
La présidente de la région Occitanie, Carole Delga, a annoncé jeudi le déblocage d’une aide d’urgence de 300 000 euros pour les éleveurs touchés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), dans un message publié sur la plateforme sociale X, basée aux États-Unis. Des foyers ont été confirmés dans l’Ariège, les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Orientales.
Elle affirme que la crise « touche durement » les éleveurs, évoquant « des vies entières (…) bouleversées », et appelle à « rester unis et lucides » pour « endiguer la maladie, protéger les cheptels et éviter de nouveaux foyers ». L’abattage sanitaire imposé par l’État constitue selon elle une mesure « lourde » mais nécessaire. La région, assure-t-elle, « sera aux côtés des éleveurs » et l’aide annoncée représente « un premier pas » vers une réponse renforcée incluant davantage d’investissements dans la recherche, l’innovation et la surveillance sanitaire.
Affrontements et tensions sur le terrain
Les affrontements entre forces de l’ordre et agriculteurs ne faiblissent pas en Ariège, où environ 300 éleveurs restaient mobilisés jeudi soir pour empêcher l’abattage de 200 bovins dans une ferme des Bordes-sur-Arize, après la découverte d’un cas de DNC. Selon les autorités, des jets de pierre ont visé les forces de l’ordre, qui ont répliqué par des grenades lacrymogènes durant plusieurs minutes.
Le préfet de l’Ariège, Hervé Brabant, a affirmé que les deux frères propriétaires du troupeau avaient donné leur accord à l’abattage des 207 blondes d’Aquitaine, conformément au protocole sanitaire. Il a dénoncé la poursuite du blocage et appelé les manifestants à « respecter la volonté des éleveurs » et à quitter les lieux « dans le calme ». « Il reste ce soir un noyau de personnes qui veulent en découdre, je lance un appel à la raison. On ne doit pas être dans l’affrontement », a-t-il déclaré.
Réactions syndicales et critiques du protocole sanitaire
Christian Convers, ex-secrétaire général de la Coordination rurale, estime que « le protocole sanitaire en vigueur ne marche pas », invoquant la progression continue de l’épizootie en France. Il appelle à étendre « la vaccination » et à « passer à l’abattage sélectif » plutôt qu’à des euthanasies massives. « On tue à l’aveugle », a-t-il dénoncé jeudi, jugeant les décisions actuelles « incompréhensibles ».
Réactions politiques
Le député LFI Thomas Portes a exprimé son soutien « aux éleveurs mobilisés en Ariège », dénonçant ce qu’il qualifie de « violence d’État » et affirmant que le gouvernement « ne tient plus que grâce à la matraque ». Dans un autre message, le député LFI de l’Essonne Antoine Léaument a estimé qu’« il faut désarmer la police » au vu des affrontements en cours.
Depuis la confirmation d’un premier foyer dans une exploitation de l’Ariège mardi, la tension n’a cessé de croître. Un second foyer a été identifié dans les Hautes-Pyrénées, où plusieurs dizaines d’agriculteurs tentent eux aussi de s’opposer à l’abattage programmé. Des tracteurs ont également bloqué vendredi matin l’A75 au niveau du péage de Sévérac-le-Château, selon la Coordination rurale d’Occitanie.
Apparue en France en juin, la DNC n’est pas transmissible à l’homme mais peut être mortelle pour les bovins. Les autorités affirment que les abattages sont, à ce stade, la méthode la plus efficace pour protéger le cheptel national, tandis que syndicats agricoles et élus de gauche réclament une stratégie alternative incluant vaccination massive et abattage limité aux seuls animaux contaminés.
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
