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Les Alpes, le toit de l’Europe, perdent leurs glaciers

- Les glaciers des Alpes reculent à un rythme accéléré. Selon le glaciologue Sylvain Coutterand, ils ont perdu plus de 50 % de leur volume depuis la fin du XIXᵉ siècle sous l’effet du réchauffement climatique

Esra Taşkın  | 22.12.2025 - Mıse À Jour : 22.12.2025
Les Alpes, le toit de l’Europe, perdent leurs glaciers

Ile-de-France

AA / Paris / Esra Taskin

Le géomorphologue et glaciologue français Sylvain Coutterand a indiqué que, depuis la fin du XIXᵉ siècle, les glaciers des Alpes ont perdu plus de 50 % de leur volume.

Dans le quatrième volet du dossier spécial de l'Anadolu (AA), intitulé « Le toit de l’Europe – Les Alpes », consacré au réchauffement climatique et à ses effets sur le massif alpin, l’accent est mis sur l’impact du changement climatique sur la végétation et les activités humaines dans les Alpes françaises.

Sylvain Coutterand a décrit au correspondant de l’AA les développements les plus marquants provoqués par le changement climatique dans les Alpes.

Il a souligné une transformation profonde des paysages alpins, évoquant notamment l’apparition de températures élevées jusqu’alors inédites dans la région.

Évoquant ses séjours estivaux dans les années 1970-1980 à Houches, en région Auvergne-Rhône-Alpes, Coutterand a rappelé que les pluies étaient alors quasi permanentes.

« Il pleuvait tous les deux jours, ce qui permettait la présence de neige en altitude, et à cette époque les glaciers regagnaient du terrain », a-t-il expliqué.

La fonte des glaciers modifie la végétation de la région et favorise l’installation de parasites qui détruisent les forêts, a-t-il ajouté. « Les grands épicéas sur le terrain meurent et se dessèchent », a-t-il déclaré.

Il a précisé que les insectes xylophages, notamment les scolytes, s’attaquent d’abord à l’écorce puis au tronc des arbres, ajoutant que les températures ont fortement augmenté dans les stations de ski de Chamonix, en France, et de Zermatt, en Suisse.

« Le changement climatique se fait davantage ressentir en montagne qu’ailleurs », a-t-il observé.

Rappelant que les températures sont enregistrées depuis les années 1880, Sylvain Coutterand a ajouté : « Depuis la fin du XIXᵉ siècle, les glaciers des Alpes ont perdu plus de 50 % de leur volume. »

- « Des glaciers comme la Mer de Glace disparaîtront entre 2060 et 2080 »

Sylvain Coutterand a indiqué que les glaciers alpins ont commencé à reculer entre 1860 et 1870, avant de connaître plusieurs phases d’avancée, notamment autour de 1890, de 1920 et entre 1955 et 1990.

« Nous sommes désormais complètement sortis de ce schéma. Nous sommes pleinement entrés dans une dynamique de changement climatique dont nous ne voyons absolument pas l’issue. La disparition des glaciers est en cours », a-t-il affirmé.

Il a souligné que les petits glaciers situés à basse altitude ont déjà disparu et que, selon les modèles climatiques, des glaciers emblématiques comme la Mer de Glace pourraient disparaître entre 2060 et 2080.

Même à l’échelle de la seule vallée de Chamonix, le changement climatique entraînera de graves problèmes d’approvisionnement en eau, a-t-il averti.

« Dans les décennies à venir, lorsque les glaciers auront disparu, nous rencontrerons de sérieuses difficultés pour l’alimentation des nappes phréatiques et des rivières », a-t-il mis en garde.

- « Dans 100 ans, il n’y aura plus de glaciers dans les Alpes »

Sylvain Coutterand a également indiqué que le changement climatique posera de sérieux défis à la production hydroélectrique dans la région et pourrait conduire à l’arrêt de certaines centrales nucléaires, faute de débits suffisants pour leur refroidissement.

À l’avenir, seuls quelques glaciers situés à très haute altitude, notamment sur des sommets comme le mont Blanc, pourraient subsister, a-t-il précisé. « D’ici 100 ans, il n’y aura plus de glaciers dans les Alpes, ou alors seulement des vestiges très limités sur les plus hauts massifs, comme le mont Blanc ou le mont Rose », a-t-il conclu.

Il a enfin estimé que la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre pourrait encore permettre de préserver les calottes glaciaires de l’Antarctique et du Groenland.

* Traduit du turc par Serap Dogansoy

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