Mercosur : Macron affirme que « le compte n’y est pas » et exclut toute signature de l’accord
« La France ne fléchira pas. L’Europe doit protéger ses agriculteurs et l’alimentation de nos concitoyens », insiste le président français
Istanbul
AA / Istanbul / Adama Bamba
Le président français Emmanuel Macron a réaffirmé la position ferme de la France contre la signature de l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, estimant que « le compte n’y est pas » à ce stade des négociations.
Dans une vidéo publiée sur le réseau social américain X, le chef de l’État a souligné que cet accord, en l’état, ne permet pas de garantir la protection de l’agriculture européenne ni la sécurité alimentaire des citoyens. « Nous considérons que le compte n’y est pas et que cet accord ne peut pas être signé », a-t-il déclaré, appelant à une Europe « cohérente » et « qui protège son agriculture et ses producteurs ».
Emmanuel Macron a rappelé que la France reste favorable aux échanges commerciaux et qu’elle demeure une grande puissance agricole et agroalimentaire tournée vers l’exportation. Toutefois, il a prévenu que ces échanges ne peuvent se faire au détriment des normes européennes. « Nous ne pouvons pas accepter de sacrifier la cohérence de notre agriculture et la sécurité alimentaire de nos compatriotes sur des accords qui ne sont pas encore finalisés », a-t-il affirmé.
Le président français a insisté sur la nécessité d’introduire une « clause de sauvegarde », qualifiée de « frein d’urgence », permettant de suspendre l’accord en cas de déstabilisation des marchés agricoles. Il a précisé que, malgré des propositions de la Commission européenne et des améliorations apportées par le Parlement européen, les discussions restent inachevées et qu’aucun vote n’a encore eu lieu.
Par ailleurs, Emmanuel Macron a exigé le respect du principe de réciprocité, à travers ce qu’il appelle des « clauses miroirs ». Selon lui, il est « absurde » d’ouvrir le marché européen à des produits ne respectant pas les mêmes normes sanitaires et environnementales imposées aux agriculteurs européens, notamment en matière de pesticides et de substances interdites.
Enfin, le chef de l’État a plaidé pour un renforcement des contrôles aux frontières européennes, soulignant que l’efficacité des règles dépend de leur application dans les ports et les aéroports. « Aujourd’hui, nous ne sommes pas prêts. Le compte n’y est pas pour signer cet accord », a-t-il martelé, affirmant vouloir « une Europe qui protège » et refusant de sacrifier des agriculteurs déjà confrontés à de multiples difficultés.
Pour rappel, la signature de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur a été reportée au mois de janvier, a annoncé jeudi à Bruxelles la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à l’issue d’un sommet réunissant les dirigeants des 27 États membres. Initialement envisagée en marge du sommet du Mercosur prévu samedi à Foz do Iguaçu, au Brésil, la finalisation du traité a été différée faute de majorité qualifiée au sein de l’UE, en raison notamment de l’opposition de la France et de l’Italie, selon plusieurs sources européennes.
Cette annonce est intervenue alors que des agriculteurs européens manifestaient à Bruxelles contre l’accord, jugé menaçant pour les productions agricoles du continent, avec plus de 7 300 manifestants rassemblés dans le quartier européen avant la dispersion progressive du rassemblement et le départ des tracteurs stationnés aux abords du Parlement européen.
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