RDC: Dans le rétroviseur de l’histoire subsiste "le roi du Zaïre"
- Joseph-Désiré Mobutu a présidé la deuxième République démocratique du Congo, rebaptisée Zaïre, de 1965 à 1997.

Kinshasa
AA/ Kinshasa/ Joseph Tsongo
16 mai 1997-16 mai 2017, voilà 20 ans aujourd’hui, depuis que tombait le régime du maréchal Mobutu Sese-seko, ayant dirigé d’une main de fer l’actuelle République démocratique du Congo.
De l’ère Mobutu, un sexagénaire congolais retient encore trois grands chapitres qui ont marqué ses 32 ans de règne : « trahison, meurtre et intelligence ! »
Ici, le vieillard Célestin Kyaghulwa qui a travaillé dans l’administration de Mobutu dans l’est de l’ancien Zaïre, ne fait que s’attacher à regarder dans le rétroviseur de l’histoire du Zaïre.
Se disant déçu par la cruauté et les crimes entravant la vie politique de l’actuelle République démocratique du Congo, le vieux se souvient que Mobutu s’est illustré par certaines œuvres : « De part son charisme, il a su faire respecter le Zaïre dans toute l’Afrique et au-delà du continent», fait remarquer Kyaghulwa.
- Au commencement était le trébuchement
« L’indépendance que nous avons eue, nous peuple congolais, au prix de tant de sacrifices noua tant appris ; énormément de choses et de valeurs », raconte Célestin Kyaghulwa.
Et pourtant, poursuit le sexagénaire, par une sorte d’aberration incroyable et d’une inculture sans nom, nous nous sommes retrouvés assassins de nos valeurs dans des situations où le pouvoir politique a été souvent utilisé pour « faire du mal avec une grande dose de méchanceté et de cruauté criminelle ».
Après l’Indépendance (le 15 août 1960), retrace ce témoin de l’époque, « les faux complots » ont été initiés, et c’était, selon lui, un moyen efficace pour se débarrasser de ceux qui ne partageaient pas l’orientation du parti unique.
« C’est ici où Mobutu qui s’était très tôt mis au service du pays en tant que secrétaire d’Etat au sein du gouvernement Lumumba, nous a conduit au dénouement, mais surtout à la dictature après avoir éliminé d’abord le président Joseph Kasavubu et puis le premier ministre Emery Patrice Lumumba… », s’attriste Célestin Kyaghulwa, ajoutant que l’ancien chef du parti présidentiel le MPR (mouvement populaire de la révolution), Mobutu, promettait un monde paradisiaque au peuple Zaïrois.
« Nous, Zaïrois de l’époque, avons cheminé en dansant derrière Mobutu. Nous nous attendions à une belle vie sous son égide, mais contrairement à nos attentes le point d’arrivée n’était autre que l’enfer», regrette le senior congolais.
- La palme du « meurtre » ?
« L’assassinat de Pierre Mulélé, ancien compagnon et membre du gouvernement Lumumba, reste une des taches les plus sombres dans l’histoire de l’ancien Zaïre et de cette idéologie criminelle que fut le Mobutisme», affirme le vieillard, soulignant que les bourreaux de Pierre Mulélé lui ont arraché les organes génitaux, les oreilles, coupé le nez et retiré ses yeux de leurs orbites.
« Ces meurtres cruels illustrent en tout cas la sauvagerie du président Mobutu et de son régime ! », commente-t-il.
Mobutu était, par delà, « plus qu’un président » pour Kyaghulwa. C’est qu’il était comme un guerrier qui allait de victoire en victoire sans que personne ne puisse l’arrêter.
Mise à part l’horreur qui a marqué ses 32 ans de règne, Mobutu dit « le roi du Zaïre », était un dirigeant dur et exceptionnel, le plus puissant de l’Afrique subsaharienne. Ce sont ces qualités qui font qu’il soit toujours populaire chez une partie de la population congolaise.
- L'intelligence d'un dirigeant "dictateur "
A la prise du pouvoir, le maréchal Mobutu a instauré un régime fort frôlant la dictature mais il opérait d'une manière intelligente, se souvient le témoin rencontré par Anadolu. L’ancien président congolais prêchait très souvent des slogans tels que : « MPR avant tout discipline, MPR signifie servir et non se servir ! » précise le sexagénaire congolais.
Célestin reconnaît au demeurant que les travailleurs congolais étaient bien rémunérés du temps de Mobutu. Du coup ils travaillaient dur et produisaient mieux.
S’il y a une morale de l’histoire à retenir de l’époque Mobutu, Célestin la résume ainsi : « Créer de faux complots, verser dans les combines et tuer pour gouverner se termine toujours mal ».