
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
La commission des Finances de l’Assemblée nationale a rejeté lundi la taxe Zucman, un impôt porté par la gauche pour imposer les ultra-riches. Cette décision, prise grâce à une alliance entre les députés du camp gouvernemental et ceux du Rassemblement national, illustre les premiers arbitrages politiques dans l’examen du projet de loi de finances pour 2026.
Interrogé par RTL, Gabriel Zucman, économiste à l’origine de la proposition, dénonce une décision qui "maintient intact le privilège fiscal" des plus grandes fortunes françaises. Sur le réseau social américain X, il a réagi dans la foulée du vote : "Les milliardaires ne paient pas ou presque pas d’impôt sur le revenu — et les macronistes viennent de faire une première alliance avec le Rassemblement national pour maintenir intact leur privilège fiscal".
Portée par La France insoumise et les groupes PS, écologiste et communiste, la taxe Zucman prévoyait d’imposer un minimum de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, y compris ceux liés à une activité professionnelle. Selon ses défenseurs, cette mesure visait à rétablir une forme de justice fiscale, alors que la fiscalité du capital reste très inférieure à celle du travail.
Parmi les opposants, le rapporteur général du budget, Philippe Juvin (LR), a affirmé que ce type de fiscalité serait un "repoussoir pour les nouveaux entrepreneurs", risquant de "détruire d’abord les entreprises non rentables, celles qui innovent et mettent des années à l’être". Jean-Philippe Tanguy, député du Rassemblement national, a estimé que la mesure pourrait "nourrir une vague de désindustrialisation".
Ce rejet n’est que partiel : la proposition sera à nouveau discutée lors de l’examen en séance publique, qui débutera après le 22 octobre. Les députés partiront alors du texte initial du gouvernement, dans lequel la taxe ne figure pas. Pour l’heure, la commission poursuit l’examen du budget en calendrier contraint, sous la pression d’une adoption rapide, alors que le pays traverse une crise politique majeure.