Turquie / Finances : «Nous laisserons 2019 derrière nous avec une croissance positive»

AA/ Istanbul

Le ministre turc du Trésor et des finances, Berat Albayrak a évalué l'année 2019 lors d'une réunion avec des journalistes économiques. Lors de son discours, le ministre a rappelé que la livre turque avait subi trois attaques entre juin 2018 et juin 2019.

Expliquant que le taux de change avait fluctué de manière intense au cours de la période considérée et que la Livre turque avait subi diverses évolutions, Albayrak a assuré qu'une stratégie de stabilisation a été mise en oeuvre.

Albayrak a également rappelé que les crises politiques globales et régionales avaient été des facteurs négatifs pour l'économie mondiale mais aussi nationale.

Il a rappelé que l'économie turque a marqué d'importantes améliorations malgré tous ces développements et qu'elles commencent à donner des fruits autant sur le marché intérieur, qu'extérieur, et en ce qui concerne les risques des primes et les rendements obligataires à 2 ans.

Mentionnant que des mesures très importantes ont été prises dans les domaines suivis de près par les marchés, Albayrak a ajouté:

"Au cours des 18 mois passés, nous avons mené une révolution silencieuse dans l'économie de la Turquie, nous avons réalisé des réformes structurelles stratégiques et historiques de notre économie."

Citant le rôle de la Banque centrale, de la bourse d'Istanbul, ainsi que de l'application de ces mesures sur les transactions basées sur le taux d'intérêt de référence de la livre turque, et sur le marché des swaps quotidiens indexés (OIS), Albayrak a ajouté : "Nous avons commencé à prendre des mesures, sans grand bruit, en ce qui concerne à la fois l'évaluation et la référence des taux d'intérêt ; nous avons entamé un processus important au cours des 15 derniers mois; 1,5 billions de transactions en livres turques ont été réalisées dans ce sens de début octobre à fin décembre."

- "Nous laisserons 2019 derrière nous avec une croissance positive"

Berat Albayrak a déclaré que dans le cadre de la "lutte totale contre l'inflation" annoncée à Istanbul en octobre 2018, il y a eu une grande mobilisation de toutes les parties prenantes, notamment le gouvernement et le secteur privé.

Ainsi, 2019 a été une année critique, selon le ministre, en ce qui concerne la maîtrise de l'inflation.

"Vous savez qu'il y a eu, entre 2014-2019, 8 élections en Turquie. En raison de l'atmosphère électorale, la plupart des augmentations de prix avaient été reportées à 2019."

Et d'ajouter, "En 2019, avec le soutien de tous les acteurs économiques, nous avons clôturé l'année en dépassant nos objectifs en matière d'inflation soit un taux inférieur à 15,9%, comme prévu dans le Nouveau plan Économique (YEP)".

Albayrak a souligné que l'inflation restera l'objectif le plus important pour son ministère en 2020 et au-delà, notant que, "Lorsque nous regardons l'augmentation du produit intérieur brut, nous aurons terminé 2019 avec un atterrissage en douceur […] et avec, espérons-le, une croissance positive."

Déclarant que le processus d'équilibrage a été réalisé grâce à une discipline imposée à tous les niveaux, Albayrak a poursuivi: "Pour que la Turquie ne soit plus exposée à un problème similaire, ce changement doit être appliqué pleinement par toutes les parties prenantes."

Albayrak a assuré que désormais l'économie turque observera une croissance plus stable dans les années à venir.

- "Le stock de la dette de la Turquie dispose d'une marge très sérieuse"

Le ministre Albayrak a noté que les actifs en livres turques ont été bénéficiaires sur la période août 2018 jusqu'à fin 2019.

Albayrak a réaffirmé que durant cette période ce ne sont pas ceux qui ont privilégié la spéculation mais plutôt la confiance dans la livre turque, qui sont sortis gagnants.

Soulignant que le cap sera maintenu, Albayrak a précisé :

"Nous avons clôturé les années 2018-2019, très difficiles, sans compromettre la performance de la Turquie et sa croissance, et sans alourdir le poids [...] de l'emprunt. Bien sûr, nous voyons que le stock de la dette de la Turquie dispose d'une marge très sérieuse".

Selon le ministre Albayrak, le bilan de la Turquie est fort et solide, tant sur la dette des ménages que la dette publique ou privée, à court ou à long terme.

"La discipline budgétaire et des finances publiques, d'inflation et de stabilisation des prix, continueront d'être notre première priorité", a souligné le ministre turc.

Parallèlement, lors de sa conférence Albayrak a signalé que depuis août 2018, lorsque l'attaque spéculative sur la lire turque avait eu lieu, une amélioration de 337 points de base dans les CDS à 5 ans et une diminution de 1800 points des intérêts des obligations d'État à 2 ans, avaient été constatées.

"La livre turque doit être à un taux compétitif"

Répondant à la question d'un journaliste sur la valeur optimale de la livre turque, le ministre Albayrak a noté :

"Je ne peux pas vous donner d'estimation de la sorte et ce serait incorrect de le faire. Je n'ai jamais dit, et ne dirais jamais «le dollar doit avoir telle ou telle valeur".

Et d'ajouter, "Moi, je dis toujours que la lire turque doit avoir un taux compétitif, car la Turquie est un pays qui produit, qui exporte, et qui est compétitif face à ses concurrents potentiels; alors je dis qu'avec cet avantage nous devons adopter une attitude compétitive, car nous en sommes capables".

- "La Turquie, avec sa puissance économique, a largement la capacité pour mener des opérations militaires"

Albayrak, à une question sur le budget de la Turquie, en particulier sur les dépenses militaires à l'étranger, a répondu que la Turquie disposait d'un grand budget qui lui permettrait d'accomplir davantage et a noté la nécessité d'une infrastructure pour soutenir l'évolution stratégique du pays.

Se référant aux activités de forage gazier de la Turquie en Méditerranée orientale, Albayrak a expliqué que la Turquie réalise cela "avec ses propres navires, ses propres ingénieurs, et avec sa propre force opérationnelle", et que de cette façon, le coût réel est beaucoup plus faible.

Notant l'impact des opérations militaires à l'étranger de la Turquie, sur la réputation du pays, sur sa stratégie, et sa position mondiale, en plus de la contribution qu'elles apportent "à son poids sur la table [des négociations avec les autres pays]", le ministre a ajouté que la Turquie, avec sa puissance économique, a largement la capacité pour mener des opérations militaires à l'étranger.

Albayrak, indiquant que la sécurité nationale est d'une grande importance pour la sécurité économique et financière, a souligné qu'il était important que la Turquie soit préparée à toutes sortes de menaces régionales et globales.

"Le secteur bancaire privé a échoué lors de la baisse des taux d'intérêt en 2019"

En réponse à la question de savoir si la baisse des taux d'intérêts appliquée par la banque centrale (CBRT) avait été suivie par les banques privées, Albayrak a noté que "le secteur bancaire privé avait échoué lors de la baisse des taux d'intérêt en 2019".

Albayrak a fait référence aux baisses de taux d'intérêt des banques publiques et estimé que lorsque les bilans de fin d'année de ces banques seraient positifs contrairement à certaines autres estimations, et qu'il n'y avait pas d'activité sans risque dans le monde et que le secteur bancaire global ne faisait pas exception à cela.

Albayrak a noté que certaines de ces banques publiques turques ont inscrit "de sérieux bénéfices dans leurs bilans 2019, et ont bien clôturé l'année".