CAN 2025 : au Maroc, une compétition qui promet d'entrer dans l'histoire
- « Le vainqueur de cette Coupe d'Afrique des Nations serait un beau vainqueur », déclare l'observateur burkinabè Lassina Sawadogo, citant le sélectionneur marocain. Dans un entretien accordé à Anadolu, l'expert revient sur l’actualité de la CAN
Istanbul
AA / Istanbul / Ben Amed Azize Zougmore
La 35ᵉ édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), dont la dernière journée de phase de poules rend son verdict en ce moment même au Maroc, cristallise de forts enjeux sportifs, diplomatiques et organisationnels pour le football continental. Débutée le 21 décembre 2025 et prévue pour se dérouler jusqu’en 18 janvier 2026 cette compétition majeure du calendrier africain réunit 24 sélections dans six villes du Royaume — Rabat, Casablanca, Tanger, Fès, Marrakech et Agadir — autour de 52 rencontres au total.
Dans un entretien accordé à Anadolu, l’observateur burkinabè Lassina Sawadogo, présent au Maroc pour la couverture médiatique de l’évènement, revient sur l’actualité de la compétition sportive la plus prestigieuse du continent.
Pour lui, l’événement dépasse le simple cadre sportif pour le pays hôte, qui entend en faire un tremplin vers des ambitions plus larges, notamment la Coupe du monde 2030 co-organisée par le Maroc, l’Espagne et le Portugal. « Le Maroc aujourd’hui se voit comme pratiquement la capitale du football africain parce que le Maroc accueille beaucoup de compétitions africaines », souligne-t-il, estimant que le pays hôte a su, a l’occasion de la cérémonie d’ouverture, offrir « au monde entier ce qu’il sait faire de mieux, culture, tradition et projection de la modernité ».
- Une CAN compétitive, sans favori incontestable
Sur le plan purement sportif, cette édition de la CAN présente un plateau dense avec un niveau technique particulièrement satisfaisant, sans pourtant afficher une suprématie évidente dès le premier tour. C’est aussi l’avis de Lassina Sawadogo, qui estime que « les 24 meilleures sélections africaines sont à ce rendez-vous » et que « les niveaux sont pratiquement équivalents ». Se livrant au sujet des principaux favoris a cette compétition, l’expert se veut prudent, reconnaissant un léger avantage pour le Maroc qui se serait « préparé en conséquence pour tenter de succéder à la Côte d'Ivoire ».
« On mettra aussi une pièce dessus, la Côte d'Ivoire qui fait partie des favoris. On n'oubliera pas le Sénégal qui revient ici en revancheur après son fiasco en Côte d'Ivoire. Et puis à côté, il y a l'Algérie, il y a l'Égypte, il y a aussi ces pays comme la RDC », explique-t-il.
Si la Coupe d’Afrique des Nations est suivie pour son spectacle, elle l’est aussi pour ses surprises et ses renversements de situations. Les amateurs de football africain se souviennent encore du parcours improbable de la Côte d’Ivoire, tenante du titre actuelle, alors sauvée de façon in extremis a l’issue de la phase de groupes.
Interrogé sur éventuelles surprises de cette CAN, Lassina Sawadogo y va de son pronostic ; « il y a le Burkina bien évidemment qui vient avec l'ambition de déjouer les pronostics pour se positionner », déclare-t-il. Les Étalons du Burkina, vice-champions en 2013, bien que ne figurant pas sur la liste des favoris, sont capables de créer la sensation de la compétition pour l’observateur.
Le Mali, la Tunisie sont également présentées comme des équipes à surveiller de près.
La phase de groupes de la CAN 2025 tient déjà toutes ses promesses avec notamment des affiches alléchantes ayant livré un spectacle de haute gamme, pour le grand bonheur des milliers de supporters qui ont fait le déplacement.
- Innovations organisationnelles : Fan ID, affichages et VAR
Cette édition introduit un dispositif inédit : le « Fan ID », couplé à une application e-visa baptisée Yalla, destinée aux supporters internationaux. Le système, qui combine accréditation et formalités d’entrée sur le territoire, vise à fluidifier l’accès aux stades et infrastructures. « « Je ne sais pas où est-ce que l’idée est sortie, mais c’est une innovation qui est venue s’ajouter à ce qu’on sait déjà », commente Lassina Sawadogo, soulignant qu’un tel système pourrait redéfinir l’expérience des supporters sur place.
Cette approche, une première à cette échelle dans une CAN, vise à fluidifier l’accès aux stades et aux infrastructures, mais soulève aussi des interrogations dans certains milieux quant à son organisation effective.
Autre innovation saluée par l’observateur : l’affichage des paroles des hymnes nationaux sur les écrans des stades pour favoriser l’appropriation des chants par les spectateurs. « Ça permet à tous ceux qui sont là de pouvoir véritablement s’approprier les hymnes des différents pays… c’est une très bonne chose ».
La technologie de l’arbitrage vidéo (VAR) reste, pour sa part, un chantier en cours. « Il y a eu quelques couacs avec des VAR qui ne marchaient pas… J’ose espérer que cela va s’améliorer », indique-t-il, en référence à des incidents techniques signalés lors des premiers matches.
- Un débat institutionnel : la CAN tous les quatre ans
L’un des sujets les plus débattus à l’occasion de cette CAN est l’évolution du calendrier de la compétition elle-même. La Confédération africaine de football (CAF) a annoncé, samedi 20 décembre, soit la veille du début de la compétition, qu’à partir de l’édition 2028, la CAN passerait d’un cycle biennal à un cycle quadriennal, alignant le tournoi avec le calendrier international et réduisant les conflits avec les clubs européens.
Pour Lassina Sawadogo, cette réforme annoncée par le président de la CAF Patrice Motsepe soulève des réserves : « Ramener la Coupe d’Afrique à 4 ans… c’est retarder un peu le développement de certains pays africains ». L’observateur craint que l’élan de construction d’infrastructures , souvent stimulé par l’organisation de la CAN, ne soit affaibli si les éditions se font plus rares.
L’introduction d’une Ligue des nations africaine figure également parmi les pistes envisagées pour densifier le calendrier. Sur ce point, l’observateur reste sceptique : « Je pense que cela ne passera pas… c’est une compétition de trop ».
- Le Maroc entre rôle d’hôte et ambitions continentales
Organiser la CAN 2025 s’inscrit dans une stratégie plus large pour le Maroc, déjà investisseur majeur dans le football africain. La capacité des stades, la modernisation des infrastructures sportives et l’accueil d’un nombre important de supporters étrangers s’inscrivent dans une logique d’affirmation internationale.
Pour l’heure, après les premiers matches disputés, le tournoi reste très ouvert, avec des performances individuelles remarquées et un intérêt croissant du public africain. De grandes nations de football africaines telles que le Gabon, ont de leur côté, fait leurs adieux à la compétition.
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