AA / Varsovie / Jo Harper​​​​​​​

Des agriculteurs ont organisé, mardi, des manifestations dans plus de 160 localités à travers la Pologne pour s'opposer au projet d'accord commercial entre l'UE et le Mercosur. Selon eux, ce traité menace le secteur agricole polonais, les communautés rurales et la sécurité alimentaire nationale.

Les organisateurs défendent que l'accord ouvrirait le marché européen aux produits agricoles sud-américains, produits selon des normes environnementales et réglementaires « moins strictes », ce qui pénaliserait les agriculteurs polonais et accélérerait « le déclin des exploitations familiales ».

Des actions organisées par le mouvement de base « National Grassroots Farmers’ Protest » ont eu lieu sur des autoroutes, des voies rapides, des routes nationales et des points de transport clés. Des perturbations de la circulation ont été signalées dans le centre de la Pologne, en Poméranie, dans les régions de Lodz et d'Opole, ainsi qu'à Varsovie, avec des manifestations supplémentaires à Lublin et en Silésie.

Les organisateurs ont précisé que toutes les manifestations n'impliquaient pas des blocages complets. « Dans de nombreux cas, les agriculteurs se contenteront de s'aligner le long des routes principales de leur région », a déclaré le représentant des manifestants, Krzysztof Olejnik, dans une interview à la radio RMF FM. Les leaders du mouvement ont également publié une carte des lieux de manifestation qui, selon certains rapports, avoisinaient les 200 à l'échelle nationale.

L'une des perturbations les plus importantes s'est produite sur la route nationale 50, dans la ville de Wiskitki, où environ 30 tracteurs ont bloqué l'une des deux voies à partir de 10 h 30, provoquant des ralentissements près de la sortie de l'autoroute A2.

« La manifestation a débuté comme annoncé et durera jusqu'à 15 h 00. Il y a actuellement une trentaine de tracteurs sur la route nationale n° 50. Une voie est bloquée et la circulation s'effectue sur l'autre », a indiqué le sergent-chef Monika Michalczyk, attachée de presse de la police de Zyrardow.

L'accord commercial UE-Mercosur accorderait des tarifs préférentiels aux importations de bœuf, de volaille, de produits laitiers, de sucre et d'éthanol en provenance du Brésil, de l'Argentine, du Paraguay, de l'Uruguay et de la Bolivie, tandis que les produits industriels européens bénéficieraient d'un accès élargi aux marchés sud-américains.

Les agriculteurs polonais craignent que l'accord ne les expose à une concurrence déloyale et n'affaiblisse la production nationale. « Ces manifestations agricoles sont le résultat direct de l'inaction, du chaos décisionnel et de l'absence de soutien réel de la part des politiciens polonais », a déclaré le mouvement de protestation sur les réseaux sociaux, appelant au dialogue et à des garanties pour le secteur.

La signature de l'accord, initialement prévue pour décembre 2025, a été reportée à janvier 2026. Le Premier ministre Donald Tusk a maintenu sa position négative à l'accord, affirmant que ce report devrait donner à la Commission européenne le temps d'envisager des clauses de sauvegarde. Le président Karol Nawrocki a exhorté le gouvernement à rechercher des partenaires au sein de l'UE pour former une minorité de blocage.

L'opposition à l'accord s'est également manifestée ailleurs. À la mi-décembre, des agriculteurs de plusieurs pays européens, dont la France et l'Italie, ont manifesté à Bruxelles, avertissant que les préférences tarifaires du Mercosur pourraient nuire à l'agriculture européenne.

Les organisateurs des manifestations de mardi ont indiqué que d'autres actions étaient possibles si leurs revendications n'étaient pas prises en compte.