Sport

CAN 2017 : Les Gabonais ont la tête ailleurs... (Reportage)

En ville, les restaurants de quartier et les discothèques ne présentent pas l’effervescence habituelle en période de Coupe d’Afrique ; Libreville, Port-Gentil, Franceville, Oyem ont perdu leur réputation de villes remuantes.

Mohamed Hedi Abidellaoui  | 14.01.2017 - Mıse À Jour : 16.01.2017
CAN 2017 : Les Gabonais ont la tête ailleurs... (Reportage)

Gabon


AA/ Libreville/ Patrick Juillard

La Coupe d’Afrique des Nations 2017 débute ce samedi à Libreville. Dans les rues de la capitale gabonaise, sur ses plages et dans ses lieux de sortie, on peine à croire que l’événement est proche, selon le correspondant d'Anadolu.

Quelques panneaux publicitaires annonçant l’événement ont bien été disposés aux points stratégiques de la ville, et des kakémonos « CAN 2017, 14 janvier-5février, billets à partir de 500 francs CFA (0,81 USD) » sont dressés le long des voies principales de la grande agglomération côtière.

Et pourtant, l’ambiance s’avère plutôt morose. Il a fallu attendre la matinée de l’entrée en jeu des Panthères du Gabon pour voir les vendeurs ambulants de maillots et t-shirts aux couleurs vertes, jaunes et bleues du Gabon déployer leurs étalages bariolés. De la même manière, les notes longues et criardes des vuvuzelas, ces flûtes de plastique rendues célèbres par le Mondial 2010 en Afrique du Sud, ne déchirent que sporadiquement l’atmosphère de Libreville.

Les Gabonais ont des raisons d’avoir la tête ailleurs. La crise économique est passée par là. Collégien dans la commune limitrophe d’Owendo, Douglas (16 ans) n’ira pas voir son équipe chérie, les Panthères, ouvrir les hostilités contre la Guinée-Bissau : « Je n’ai pu m’acheter de billet de match, mes parents n’ont plus assez d’argent. La vie est de plus en plus chère».

En ville, les restaurants de quartier et les discothèques ne présentent pas l’effervescence habituelle en période de Coupe d’Afrique. Dans le quartier festif de Louis, aucune difficulté pour trouver une table où se faire servir, ni se frayer un passage sur les pistes de danse des clubs environnants. « Libreville, Port-Gentil, Franceville, Oyem ont perdu leur réputation de villes remuantes, grouillantes, bref de villes de noceurs et d'ambianceurs », constatait mercredi le quotidien national « L'Union » dans son billet d'humeur, « Makaya ».

La crise post-électorale d’août-septembre a également laissé des traces. Un autre sujet de conversation que la CAN occupe ce samedi les Librevillois : engagé dans une lutte implacable pour le pouvoir, l’ancien hiérarque du régime Bongo devenu opposant numéro un, Jean Ping, entend « prêter serment » dans l’après-midi, au carrefour-dit de Rio, à Libreville. « La CAN s’ouvre à Rio », titre l’hebdomadaire d’opposition « Echos du Nord », dans son édition du vendredi 13 janvier. Et le journal d’appeler les Gabonais à se désintéresser de la CAN. Une provocation destinée à couper l’herbe sous le pied du régime d’Ali Bongo en court-circuitant la compétition sportive qu’il a portée à bout de bras.

Avant cet appel, l’opposition avait multiplié les appels au boycott. Des SMS sont envoyés, appelant les Gabonais à ne pas se rendre au stade. Les sympathisants de l’opposition postent et retweetent des clichés de tickets déchirés.

Cette atmosphère tendue influera-t-elle sur les joueurs. Vendredi, lors de la conférence de presse d’avant-match, le défenseur Bruno Ecuele Manga a minimisé les différences par rapport à 2012. « La seule différence viendra des résultats. Tous les Gabonais attendent qu’on arrive très loin, plus loin qu’en 2012. La différence se fera là ! ». Premiers éléments de réponse ce samedi en fin d’après-midi.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın