Teneurs alarmantes de TFA, un « polluant éternel », dans les produits céréaliers en Europe
– Une nouvelle étude révèle que les céréales du quotidien en Europe sont massivement contaminées par un composé toxique et persistant.
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Une étude publiée par PAN Europe montre une contamination généralisée des produits céréaliers européens par l’acide trifluoroacétique (TFA), un sous-produit de pesticides PFAS reconnu pour sa toxicité sur la reproduction et le développement.
Par voie d’un communiqué, l’ONG basée à Bruxelles alerte sur les niveaux « exceptionnellement élevés » de TFA détectés dans des produits alimentaires courants : pains, croissants, farines, céréales pour petit-déjeuner, pâtes ou encore biscuits pour enfants. 81,8 % des 66 échantillons testés dans 16 pays européens présentaient des traces de ce composé chimique surnommé « polluant éternel » en raison de sa persistance dans l’environnement.
Le taux moyen de TFA mesuré dans ces aliments atteint 78,9 microgrammes par kilogramme (µg/kg), soit 107 fois plus que les concentrations relevées dans l’eau du robinet selon les précédents travaux de PAN Europe. À titre de comparaison, le seuil réglementaire par défaut pour les substances reprotoxiques comme le TFA est fixé à 10 µg/kg, un seuil largement dépassé dans 54 échantillons.
Parmi les produits les plus contaminés figurent : des céréales de petit-déjeuner achetées en Irlande (360 µg/kg), du pain complet belge (340 µg/kg), de la farine de blé allemande (310 µg/kg), une baguette française (210 µg/kg), un croissant français (180 µg/kg).
« Tous les Européens sont exposés au TFA par l’eau et l’alimentation. Nos résultats montrent qu’un changement immédiat est nécessaire », déclare Salomé Roynel, chargée de plaidoyer chez PAN Europe. Le TFA, issu de la dégradation des pesticides fluorés et de certains gaz industriels, s’accumule dans les sols et les plantes, en particulier le blé.
L’étude souligne aussi les risques pour la fertilité, la thyroïde et le système immunitaire. Des effets sur la qualité du sperme ont également été rapportés dans des études industrielles citées par PAN Europe.
« Il est inacceptable que des enfants et des femmes enceintes soient exposés à des substances reconnues pour altérer la santé reproductive », alerte Angeliki Lysimachou, responsable scientifique de l’organisation, qui réclame une interdiction immédiate des pesticides PFAS et la définition urgente d’une valeur toxicologique de référence pour le TFA au niveau européen.
Aucun seuil spécifique n'existe actuellement dans l’Union européenne pour le TFA dans les aliments, malgré sa présence établie dans l’eau potable, le vin, et désormais les céréales.
Ce rapport intervient dans un contexte de préoccupations croissantes autour des PFAS – des substances per- et polyfluoroalkylées – que certains États membres, dont la France, ont déjà commencé à restreindre. PAN Europe appelle la Commission européenne et l’EFSA à agir rapidement afin de prévenir une contamination alimentaire plus étendue.
