Valls condamne la rencontre des députés français avec Assad en Syrie
Selon le Premier ministre, la délégation parlementaire en visite en Syrie a commis une ''faute morale''.

AA - Paris - Bilal Muftuoglu
Le Premier ministre français Manuel Valls a condamné la visite d'une délégation parlementaire française en Syrie et sa rencontre avec le président syrien Bachar al-Assad mercredi, malgré l'interruption des relations diplomatiques entre les deux pays depuis 2012.
Invité jeudi matin de la chaîne d'info BFM TV, Valls a commenté la visite en Syrie de la délégation composée du député Jacques Myard (Union pour un Mouvement Populaire, UMP), du sénateur UMP Jean-Pierre Vial, du député du Parti socialiste (PS) Gérard Bapt et du sénateur François Zochetto (Union des Démocrates et Indépendants, UDI). Qualifiant Assad d'un ''boucher'', Valls a dénoncé la ''faute morale'' des députés français.
''Je veux condamner avec la plus grande vigueur cette initiative'', a-t-il insisté.
Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS au pouvoir), Jean-Christophe Cambadélis a annoncé jeudi matin que le député Bapt sera sanctionné par son parti pour la visite en Syrie. Cambadélis a indiqué vouloir le déferrer devant la Haute autorité du PS qui pourrait prononcer une exclusion de ce député.
Le député Myard qui est aussi le vice-président du groupe d'amitié France-Syrie à l'Assemblée nationale française, avait fait savoir à l'issue de leur rencontre que l'entretien ''s'est très bien passé'' sans pourtant donner plus de détail.
Le gouvernement et le ministère des Affaires étrangères français s'étaient immédiatement dissociés de la visite de la délégation parlementaire en Syrie, affirmant qu'il s'agit d'une "visite personnelle". A l'issue de la réunion du conseil des ministres mercredi, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll avait insisté sur le fait que la rencontre n'est ''en aucun cas officielle et diplomatique de la France'' mais ''une initiative personnelle de parlementaires''. La visite ''n'a pas été décidée en concertation avec le ministère des Affaires étrangères et du développement international'', avait noté de son côté Alexandre Giorgini, porte-parole adjoint du ministère.
D'autre part, à l'égard de la communauté musulmane en France, le Premier ministre français a affirmé que le gouvernement ne peut pas laisser les musulmans de France dans la situation qu'ils connaissent''. ''Dans leur immense majorité, ils vivent leur culte'' de manière tout à fait tranquille, a-t-il ajouté.
La remarque de Valls intervient après la révélation par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve d'un nouveau plan présenté mercredi en conseil des ministres pour mieux dialoguer avec ''l'islam de France''.
Le plan comporte un volet sécuritaire pour les lieux de culte musulman en France mais aussi la création d'une nouvelle instance représentative pour la communauté musulmane en France, en alternative au Conseil français du culte musulman (CFCM). Cette nouvelle formation sera complémentaire au CFCM, ''qui ne suffit plus et ne représente pas tous les musulmans''.