RDC: la Monusco désapprouve la nomination d'un général congolais à la tête d'une opération anti-rebelles
Bruno Mandevu, nommé à la tête d'une opération pour désarmer les rebelles rwandais, est sur la liste rouge de l'ONU pour de graves violations aux droits de l’homme.

AA/Kinshasa/Fiston Mahamba Larousse
La nomination du général Bruno Mandevu, dimanche, à la tête des forces armées congolaises chargées de mener une opération visant à désarmer les rebelles rwandais (FDLR) du Nord-Est du Congo, est désapprouvée par la Mission onusienne déployée dans le pays (Monusco), a indiqué mardi à Anadolu un responsable de la Monusco.
Mandevu figure sur la liste rouge de la Mission Onusienne, accusé de 121 crimes de violation de droits de l’homme, exécutions sommaire et viols, commis entre 2011 et 2012 par ses troupes lors de l’opération de traque de rebelles ougandais.
"Si, en raison du passé des unités ou de leurs commandants, il y a des motifs substantiels de croire qu'il y a un risque qu'ils commettent de graves violations des droits humains, le soutien à ces unités sera retiré, sauf si des mesures correctives appropriées peuvent être mises en place", a indiqué à Anadolu Charles Antoine Bambara, chef de l'information publique de la Monusco en RDC, interrogé sur le soutien de la force au Général.
Martin Kobler, le chef de la Monusco, a déclaré pour sa part, mardi lors d’un point presse, que dans cette nouvelle opération militaire "Sokola II", ("Nettoyez", en lingala, langue officielle en RDC) lancée jeudi dernier contre les rebelles des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), la force onusienne "ne soutiendra que les unités militaires qui n'ont pas commis de violations des droits de l'homme".
"Nous n’avons pas de problème pour soutenir tous les commandants de bataillons mais nous avons quelques problèmes avec la classification. C'est ce dont on discute discrètement avec le gouvernement", a poursuivi le patron de la Monusco sans citer nominativement le général Mandevu.
Cette nomination a surtout suscité l’indignation de plusieurs diplomates occidentaux accrédités à Kinshasa et joint par Anadolu, "convaincus que si le gouvernement Congolais n’envisage pas le remplacement du général Mandevu, la Monusco pourrait retirer son soutien annoncé pour les opérations de traque contre les FDLR", selon les propos recueillis auprès de ces diplomates ayant requis l'anonymat.
"Ceci en respect des principes de l’ONU interdisant d’appuyer les opérations susceptibles de porter atteinte aux droits humains", notent-ils.
La semaine passée, les forces congolaises et onusiennes s'étaient dites prêtes à engager conjointement les combats contre les rebelles FDLR mais attendaient le feu vert du chef de l’Etat Congolais,Joseph Kabila.
Kabila, également commandant suprême de l’armée, avait indiqué, lors d'une rencontre dimanche dernier, avec Kobler et des envoyés spéciaux américains et européens, que cette opération sera uniquement menée par l'armée congolaise avec un soutien de la Monusco "sur le plan opérationnel, logistique et stratégique".