la RDC et le Congo Brazzaville débattent de la question des expulsés
"La RDC est en droit de chercher à comprendre pourquoi le gouvernement de la République du Congo a provoqué des mouvements si indélicats" a déclaré le ministre de l'intérieur de Kinshasa, à la cérémonie d'ouverture de la 4ème

AA/ Kinshasa/ Francine Mokoko
Des responsables gouvernementaux de la RDC et du Congo Brazzaville se sont réunis, lundi, à Kinshasa, dans le cadre de la 4ème session de la commission spéciale Défense et sécurité, pour évoquer les problèmes suscités par les expulsions de plus de 100.000 ressortissants de la RDC du Congo Brazzaville depuis le début du mois d'avril, a rapporté le correspondant d'Anadolu.
Il s'agit de la première rencontre de haut niveau au sujet la crise des expulsés, réunissant des délégations gouvernementales des deux côtés.
« La République Démocratique du Congo est en droit de chercher à comprendre pourquoi le gouvernement de la République du Congo a provoqué des mouvements si indélicats qui ont entraîné le retour de plus de 130.000 de ses ressortissants sans en avoir prévenu au départ le pays d’accueil et pays d’origine de ces expulsés et autres retournés forcés » a déclaré à la presse Richard Muyej, Ministre de l’intérieur, décentralisation, sécurité et affaires coutumières de la RDC au cours de la cérémonie d'ouverture
«Le gouvernement de la RDC voudrait aussi connaitre les motivations qui ont poussé les services de migration de la République du Congo à fouler aux pieds, de manière unilatérale, les accords existants, en refusant l’accès sur votre territoire à des ressortissants de mon pays, détenteur des laissez-passer réguliers », a poursuivi Richard Mujej.
Composée d’une trentaine d’experts en matière de défense et de sécurité et de politiciens, la délégation du Congo Brazzaville a été conduite par le Ministre de l’intérieur et de la décentralisation, Raymond Zéphirin Mboulou. Pour celui-ci, l'argument sécuritaire a justifié une telle démarche.
« Nous avons expulsés 1945 congolais de la RDC…des criminels…le reste, près de 128.000 est constitué de retours volontaires parce que se sentant concerné par le manque de document », a rétorqué Raymond Zéphirin Mboulu, Ministre de l’intérieur et de la décentralisation du Congo Brazzaville « Dans quel pays, on accepte les criminels d’un autre pays ? » a-t-il poursuivi, renchérissant que « depuis quelque temps, il se développait une forme de criminalité, qui a soufflé un vent de panique dans nos agglomérations. Des crimes crapuleux, des braquages sanglants même en plein jour, des phénomènes de délinquance, des vol, des viols collectifs, la prostitution…ce sont des situations qu’aucun Etat ne saurait tolérer », a indiqué Raymond Zéphirin Mboulou.
Le président congolais, Joseph Kabila, avait annoncé samedi, à l’occasion d’une réunion avec les ambassadeurs accrédités dans son pays et Martin Kobler, le chef de la Monusco, la tenue de cette commission qui devrait clore ses travaux mardi. Il s'agit de la première rencontre de haut niveau au sujet la crise des expulsés, réunissant des délégations gouvernementales des deux côtés. La délégation de la RDC, conduite par le Ministre de l'intérieur, était, pour sa part, composée, outre des experts en matière de défense et de sécurité, du chef de l'Agence Nationale de Renseignement (ANR) et du dirigeant de la Direction Générale de Migration.
L’opération de police, baptisée "Mbata ya bakolo" ("la gifle des aînés") s’inscrit dans la logique « d’un premier contrôle de police lancé en 2013 » et qui a consisté « à ramener la sécurité sur toute l’étendue du territoire congolais », selon Mboulou. Plus de 700 tchadiens et 1300 congolais de la RDC ont été, alors, concernés par cette opération.
Pour le gouvernement de la RDC, la rencontre des officiels de deux pays « devrait permettre aux experts des deux parties, d’une part d’évaluer l’opération des expulsions massives des congolais de la RDC vivant au en République du Congo et d’en tirer les conséquences, et d’autre part d’évaluer le niveau d’exécution des accords qui nous lient en matière de défense et de sécurité », a conclu Richard Mujej, Ministre de l’intérieur de la RDC.
Cantonnés dans un premier temps dans l’enceinte de la maison communale de Kinshasa et au stade cardinal Malula, deux sites de transit situés en plein cœur de la capitale congolaise, les refoulés de Brazzaville, dont l'expulsion a démarré au début du mois d'avril,ont été transférés en trois jours vers un autre site de transit aménagé dans la commune urbano-rurale de Maluku, à environ 80 kilomètres de Kinshasa.