Politique, Sante

France / Violences sexistes et sexuelles : mobilisation internationale de la France et critiques de LFI

- LFI critique les moyens contre les violences sexistes alors que la France met en avant sa diplomatie féministe

Şeyma Erkul Dayanç  | 25.11.2025 - Mıse À Jour : 25.11.2025
France / Violences sexistes et sexuelles : mobilisation internationale de la France et critiques de LFI

Istanbul

AA / Istanbul / Seyma Erkul Dayanc

À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, mardi 25 novembre 2025, la France réaffirme son engagement contre toutes formes de violences envers les femmes et les filles. Selon ONU-Femmes, une femme sur trois dans le monde a été victime de violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie, commises par un partenaire, un membre de sa famille ou une autre personne.

En France, le débat reste vif sur l’efficacité des mesures mises en place. La France insoumise (LFI) dénonce ce qu’elle considère comme une « insuffisance » de l’engagement de l’État. Dans un communiqué de sa délégation aux droits des femmes, le parti critique l’absence de priorité accordée à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le budget 2026. Selon LFI, un viol ou une tentative de viol se produirait toutes les deux minutes trente, et un féminicide ou une tentative par un (ex-)conjoint toutes les sept heures, avec déjà 151 féminicides recensés depuis le début de l’année. Le parti pointe également la vulnérabilité accrue des femmes subissant des discriminations multiples : les femmes en situation de handicap sont quatre fois plus exposées aux violences sexuelles que la moyenne, tandis que les demandeuses d’asile courent un risque de viol jusqu’à 18 fois supérieur à celui des Françaises.

Pour LFI, le budget consacré à ces violences — moins de 200 millions d’euros pour 2026 — est « dérisoire » par rapport aux besoins. Le financement de l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS) est, selon le parti, « près de cent fois inférieur » aux besoins pour assurer les trois séances annuelles légales par élève. Par ailleurs, 71 % des associations féministes déclarent une situation financière dégradée, les contraignant à réduire ou abandonner l’accompagnement des femmes et enfants victimes.

Le parti réclame un budget minimal de 2,7 milliards d’euros, en accord avec les demandes des associations, ainsi que la reprise de plusieurs amendements au projet de loi de finances, notamment le financement de 10 000 nouvelles places d’hébergement d’urgence. LFI appelle également à un renforcement du traitement judiciaire et policier des violences et propose la création d’une commission d’enquête sur les agressions commises par des agents des forces de l’ordre, à la suite du mouvement #Metoopolice et des révélations de Disclose. Le parti dénonce enfin « l’impunité politique » des auteurs de féminicides et souhaite inscrire en janvier 2026 une résolution transpartisane à l’Assemblée nationale pour enquêter sur les manquements de l’État.

Face à cette situation, le gouvernement met en avant ses dispositifs. Aurore Bergé, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a rappelé l’importance du « Pack Nouveau Départ », destiné à accompagner rapidement les victimes de violences conjugales lors de leur séparation. Expérimenté depuis 2023 dans cinq départements, le dispositif sera étendu à sept nouveaux territoires — Vendée, Seine-Maritime, Loiret, Oise, Nord, Aube et Doubs — et vise une généralisation à l’ensemble du territoire d’ici fin 2025 ou début 2026. Il permet de débloquer rapidement aides professionnelles, prestations sociales et hébergement afin de lever les obstacles rencontrés par les femmes victimes.

Une mobilisation diplomatique mondiale

Parallèlement, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères souligne que la France agit également à l’international. À l’occasion de cette journée, le ministère rappelle la mobilisation de la diplomatie française partout dans le monde. Le 23 octobre 2025, à l’issue de la 4ᵉ Conférence ministérielle des diplomaties féministes organisée à Paris, la France et 30 autres pays ont signé une déclaration politique pour renforcer leur action contre les violences fondées sur le genre, notamment en situation de conflit et dans l’environnement numérique.

En partenariat avec ONU-Femmes et le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), la France soutient des programmes de protection pour les femmes victimes et lutte contre l’impunité des violences sexuelles en temps de conflits. Le pays appuie également la société civile sur le terrain via le projet « Feminist Opportunities Now », qui accompagne 180 associations à travers le monde, et le Laboratoire pour les droits des femmes en ligne, lancé en 2024, qui soutient des initiatives concrètes contre les violences numériques. Sur le plan normatif, la France fait de l’universalisation de la Convention d’Istanbul une priorité diplomatique. Le ministère renforce aussi son action pour protéger les Françaises à l’étranger, avec la formation de 200 agents consulaires dès 2026 et une plateforme de soutien en partenariat avec l’association « Save You ».

Des chiffres alarmants

Les chiffres officiels confirment l’ampleur du problème. En 2024, les services de police et de gendarmerie ont recensé 272 400 victimes de violences conjugales, tandis que les plaintes pour viol ont triplé entre 2016 et 2024, passant de 7 169 à 22 352. À l’échelle mondiale, l’ONU indique qu’en 2024, quelque 50 000 femmes et filles ont été tuées par un proche, soit une toutes les dix minutes, illustrant l’urgence de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

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