AA / Paris / Ümit Dönmez

Une altercation violente a visé l’eurodéputée Rima Hassan ce vendredi matin dans une rue du 10ᵉ arrondissement de Paris. Filmée par l’élue elle-même, la scène montre un homme et une femme l’interpellant avec des propos menaçants et particulièrement virulents.

L’homme, salarié d’une agence immobilière Orpi, lance à haute voix : « Am Israël haï [Le peuple d’Israël est vivant] ! On va te la brûler ta Palestine ! », pendant que la députée franco-palestinienne tente de garder son calme.

La vidéo, rapidement relayée sur les réseaux sociaux, dévoile une séquence tendue, marquée par des invectives et des gestes hostiles. Les deux auteurs de cette agression verbale seraient des employés d’une agence franchisée du réseau Orpi. L’incident a eu lieu rue du Faubourg-Saint-Martin, et s’est poursuivi sur plusieurs mètres alors que Rima Hassan continuait de filmer.

Par voie d’un communiqué, le réseau immobilier Orpi a rapidement réagi à la diffusion de la vidéo. Dans une déclaration publiée dans la journée, le président du groupe, Guillaume Martinaud, affirme que ces « paroles à caractère discriminatoire et menaçant » sont « contraires aux valeurs du groupe » et annonce avoir pris des « mesures disciplinaires immédiates ». Il précise également : « Nous nous désolidarisons complètement et sans réserve de ce comportement inacceptable ».

Orpi a indiqué avoir procédé au licenciement des deux salariés impliqués, soulignant sa volonté de « réaffirmer son engagement contre toutes les formes de discrimination ». L’entreprise assure qu’un contact a été établi avec l’élue pour lui présenter des excuses officielles.

Sur le réseau X, Rima Hassan a interpellé publiquement le groupe immobilier : « Pourriez-vous m’expliquer comment se fait-il qu’un de vos employés m’agresse de cette façon ? ». Elle a ensuite salué, d’un simple « merci », la décision de licenciement annoncée par le président du réseau.

Cet incident s’inscrit dans un climat de tension croissante autour de l’engagement pro-palestinien de certaines figures politiques.

Pour rappel, Rima Hassan avait été expulsée France par les autorités israéliennes après avoir été emprisonnées plusieurs jours suite à l'interception dans les eaux internationales du voilier Madleen. Ce dernier prenait part à la 36e Flottille de la Liberté pour la Bande de Gaza, sous blocus israélien.

- Situation humanitaire à Gaza

Pour rappel, depuis la reprise des hostilités par Tel Aviv le 18 mars 2025, après un cessez-le-feu, les attaques israéliennes ont tué plus de 5 700 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 56 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023, suite à une attaque du Hamas. La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.

Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.

Par ailleurs, Israël bloque l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Quelques autorisations minimes de passage de l'aide humanitaire ont été accordées, mais celles-ci demeurent largement insuffisantes pour répondre aux besoins de la population gazaouie.

Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération". Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".