Türkİye, Politique, Monde

Projet de la Route du Développement Türkiye-Irak : l’un des plus importants du Moyen-Orient

– « Nous voulons que les relations Türkiye-Irak fassent partie de l’équation de stabilité régionale », a déclaré le Premier ministre Mohammed Shia al-Soudani

Asiye Latife Yılmaz  | 08.05.2025 - Mıse À Jour : 08.05.2025
Projet de la Route du Développement Türkiye-Irak : l’un des plus importants du Moyen-Orient

Istanbul

AA / Ankara – Istanbul / Mehmet Şah Yılmaz, Beril Çanakçı, Fatma Zehra Solmaz et Asiye Latife Yılmaz

Le Premier ministre irakien Mohammed Shia al-Soudani a qualifié, jeudi, le Projet de la Route du Développement, mené conjointement par la Türkiye et l’Irak, de « l’une des initiatives les plus importantes au Moyen-Orient », soulignant son potentiel à transformer la connectivité régionale et à renforcer l’intégration économique.

S’exprimant lors du programme « FOCUS : Relations Türkiye-Irak » organisé par Anadolu à Ankara, Al-Soudani a déclaré que son gouvernement souhaitait que les relations entre Ankara et Bagdad deviennent un pilier de la stabilité régionale.

« Nous voulons que les relations Türkiye-Irak fassent partie de l’équation de stabilité régionale », a-t-il affirmé, en insistant sur l’importance géopolitique plus large de la coopération entre les deux voisins.

Le chef du gouvernement irakien a décrit le Projet de la Route du Développement comme une initiative stratégique, bien plus qu’un simple projet routier.

Il a précisé que l’Irak le considère comme un projet d’intégration économique : « C’est actuellement l’une des initiatives les plus importantes du Moyen-Orient, et nous espérons qu’elle sera achevée dans les plus brefs délais », a-t-il déclaré.

Selon lui, ce projet permettra de créer une « synergie économique mutuelle », tout en soulignant : « Il offrira aussi des gains à moindre coût. Nos études de faisabilité le démontrent. Il permettra un transport commercial plus rapide et à un coût réduit. »

Al-Soudani a ajouté que ce projet répondra aux besoins économiques des pays concernés.

« Dès le début du mois de juin, certains éléments deviendront concrets. La coordination au niveau ministériel se poursuit entre la Türkiye, l’Irak, le Qatar et les Émirats arabes unis. Une fois les premiers résultats obtenus, ils seront examinés au niveau ministériel. Ces quatre pays avancent ensemble. Il s’agit donc d’un effort continu, impliquant des éléments qui concernent toutes les parties. Nous pensons que le projet sera achevé prochainement », a-t-il poursuivi.

Il a également souligné que la Route du Développement pourrait croiser d’autres projets comme l’initiative chinoise des Nouvelles Routes de la Soie, ajoutant : « Nos relations et notre dialogue avec d’autres pays voisins se poursuivent. Nous ne voulons pas nous limiter à ces quatre pays. »

Al-Soudani a encouragé d'autres nations à rejoindre le projet pour favoriser l'intégration et la connectivité régionale : « Les États-Unis ont manifesté leur intérêt. Des hommes d’affaires américains se sont rendus en Irak. Il y a environ un mois, une délégation américaine est venue, et nous leur avons présenté les détails du projet. Ils ont montré un vif intérêt pour y participer. Il ne s’agit donc pas uniquement des pays situés le long de l’itinéraire. »

Faisant référence à la coordination en cours avec la Türkiye concernant les besoins logistiques à la frontière Türkiye-Syrie, il a précisé : « Ce n’est pas simplement une route reliant l’Irak à la Türkiye. Il y aura plusieurs branches, qui pourraient s’étendre vers la Syrie et la Jordanie. Nous pensons que cela profitera à toute la région et à l’ensemble des pays participants. »

Al-Soudani a affirmé que les relations entre les deux pays reposent sur des bases solides, principalement définies dans le cadre de la « lutte contre le terrorisme ».

« Nous considérons nos relations avec la Türkiye dans une perspective stratégique, à la lumière des évolutions et transformations en cours. Ce n’est pas une phase temporaire. C’est pourquoi nous voulons que les relations turco-irakiennes fassent partie de l’équation de stabilité, et non de conflit. Cela nous conduit à établir une relation axée sur le développement avec la Türkiye », a-t-il conclu.

Il a enfin souligné qu’il ne suffisait pas de définir les relations Türkiye-Irak comme de simples relations de voisinage, rappelant qu’elles s’enracinent également dans des liens historiques, civilisationnels, religieux, culturels et sociaux.

** Dossier de l’eau

Évoquant l’importance de la question de l’eau dans les relations entre les deux pays, Mohamed Shia al-Soudani a rappelé qu’il s’agit d’un dossier sensible lié à la sécurité alimentaire et environnementale.

Il a souligné que des démarches sont entreprises dans le cadre d’un accord mutuel, insistant sur la nécessité de prendre en compte les conditions climatiques et de mener ce processus dans un esprit de bon voisinage.

Al-Soudani s’est dit convaincu que la gestion de cette question peut se faire par le biais de la coopération bilatérale et d’un dialogue constructif entre les deux pays.


** Palestine

Le Premier ministre irakien a également critiqué son homologue israélien et mis en garde contre la montée des tensions régionales. « Le gouvernement Netanyahu tente d’entraîner la région dans les flammes de la guerre », a-t-il déclaré.

Il a souligné que la position de l’Irak sur la question palestinienne est claire et constante à travers toutes les institutions de l’État : « Nous exprimons très clairement notre position, que ce soit sur le plan politique, médiatique, juridique ou humain. En parallèle, nous devons aussi œuvrer à la préservation des intérêts supérieurs de l’Irak. Nous cherchons à éviter les guerres et les conflits autant que possible. »


** Relations commerciales entre la Türkiye et l’Irak

Al-Soudani a insisté sur l’importance du commerce et de l’investissement, en affirmant qu’une coopération étroite existe entre la Türkiye et l’Irak dans ce domaine.
Il a rappelé que la Türkiye est l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Irak, la qualifiant de pays « très important » pour Bagdad en matière d’échanges, tout en précisant que de nombreux États investissent également en Irak.

Le Premier ministre a indiqué que le pétrole irakien est exporté via la Türkiye, et a mis en avant les investissements en cours dans le secteur du gaz naturel ainsi que la coopération en matière d’électricité.

Qualifiant à nouveau le Projet de la Route du Développement de « très important », il a expliqué qu’il facilitera le transport des marchandises et des produits, tout en jouant un rôle clé dans l’intégration économique des pays de la région.

Al-Soudani a aussi évoqué les liens sociaux, culturels et éducatifs entre la Türkiye et l’Irak, soulignant que de nombreux jeunes Irakiens se rendent en Türkiye, notamment pour leurs études.

Il a conclu en affirmant que les relations irako-turques sont « équilibrées, amicales et fondées sur des intérêts mutuels. »


**Derniers développements dans la région

Le Premier ministre irakien Mohammed Shia al-Soudani a qualifié les récents développements dans la région de « dangereux », les attribuant à des tentatives de redéfinir la carte géopolitique régionale.

Il a estimé que les pays de la région doivent repenser et redéfinir leurs rôles et leurs positions, tout en soulignant que l’Irak ne doit pas être négativement affecté par ces transformations.

Al-Soudani a affirmé que Bagdad adopte actuellement une « position d’observateur » et a insisté sur le fait que la politique étrangère de l’Irak repose sur le principe de « l’équilibre ».

Rappelant que son pays a traversé de nombreuses guerres, il a déclaré : « Nous ne voulons pas que l’Irak redevienne un terrain où se règlent des comptes extérieurs. »

Il a ajouté qu’il aspire à un Irak où les hostilités ont cessé, où le dialogue est renforcé, et où les intérêts mutuels sont réalisés.

Concernant les situations en Syrie et au Yémen, Al-Soudani a estimé que les États-Unis semblent adopter une « nouvelle politique », et il a salué l’ouverture d’une nouvelle phase dans les relations entre les États-Unis et l’Iran, y voyant un « développement positif ».


** Lutte contre le terrorisme

Abordant la question du terrorisme, Al-Soudani a rappelé que l’Irak maintient une position claire et ferme à l’égard de l’organisation terroriste PKK : « Comme vous le savez, cette organisation est interdite en Türkiye et également en Irak, par une décision du Conseil de sécurité nationale. »

Il a précisé que toute activité armée du PKK sur le sol irakien constitue une atteinte à la souveraineté de l’Irak : « Sa présence sur notre territoire est un abus. De plus, ses attaques contre des pays voisins vont à l’encontre de notre Constitution. En tant qu’État et gouvernement, nous ne devons permettre à aucun acteur d’utiliser le territoire irakien comme base arrière. »

Al-Soudani a qualifié le processus de désarmement du PKK de « décision très juste et importante », soulignant que toute question liée à la sécurité nécessite une coordination avec le gouvernement irakien : « C’est aussi une question de souveraineté. Nous pensons donc qu’elle peut être gérée dans un cadre de coopération et de coordination mutuelles. »

Il a mis en avant les efforts de l’Irak pour sécuriser ses frontières, notamment avec la Türkiye : « Nous travaillons à empêcher toute organisation de mener des actions menaçant la sécurité des pays voisins, en particulier la Türkiye. Nous considérons la sécurité comme un intérêt commun. Qu’il s’agisse de la Türkiye, de l’Iran ou d’autres pays arabes voisins, nous estimons que leur sécurité fait partie d’un système collectif et intégré, essentiel à la stabilité régionale. »

Al-Soudani a également fait référence à la « 5e Réunion du Mécanisme de sécurité de haut niveau Türkiye-Irak » tenue cette année à Antalya, qualifiant ses résultats de très positifs, notamment en termes de coopération et de coordination.

Lors de son intervention au siège d’Anadolu, le Premier ministre a livré une évaluation complète des relations Türkiye-Irak, abordant leurs dimensions bilatérale, régionale et internationale.

Le Projet de la Route du Développement constitue une voie commerciale stratégique reliant l’Irak à la Türkiye par un réseau ferroviaire, routier, portuaire et urbain.

Long de 1 200 kilomètres, le projet vise à connecter le port de Grand Faw – qui ambitionne de devenir le plus grand port du Moyen-Orient – aux réseaux de transport régionaux.



* Traduit de l'Anglais par Adama Bamba

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın