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Procès Lafarge à Paris : 1,125 million d'euros d’amende et jusqu’à 8 ans de prison requis

- Le parquet national antiterroriste a requis jusqu’à huit ans d’emprisonnement contre huit anciens responsables de la société, jugés à Paris pour financement du terrorisme en Syrie

Mariem Njeh  | 16.12.2025 - Mıse À Jour : 16.12.2025
Procès Lafarge à Paris : 1,125 million d'euros d’amende et jusqu’à 8 ans de prison requis

Istanbul

AA / Istanbul / Mariem Njeh

Le parquet national antiterroriste a requis mardi 16 décembre à Paris une amende de 1,125 million d'euros contre le cimentier Lafarge et jusqu'à huit ans d'emprisonnement contre les huit anciens responsables de la société, jugés à Paris pour financement du terrorisme en Syrie.

Le ministère public a également réclamé à l'encontre de quatre des prévenus et de la société une amende douanière solidaire de 4,570 millions d'euros au titre de l’infraction douanière, avec les prévenus poursuivis également sur ce dossier.

- Procès Lafarge

Pour rappel, les huit personnes poursuivies dans l’affaire Lafarge sont quatre anciens dirigeants français : Bruno Lafont, ex-PDG, Christian Herrault, ex-directeur général adjoint, ainsi que Bruno Pescheux et Frédéric Jolibois, anciens directeurs de la filiale syrienne, auxquels l’accusation reproche d’avoir « permis la poursuite de l’activité en Syrie malgré des paiements à des groupes armés ». S’y ajoutent deux intermédiaires syriens, Firas Tlass et Amro Taleb, accusés d’avoir « servi de relais locaux pour négocier ou faciliter ces versements », ainsi que deux responsables de la sécurité, Ahmad al-Jaloudi (Jordanien) et Jacob Waerness (Norvégien), soupçonnés d’avoir « participé aux arrangements opérationnels avec les groupes armés » afin d’assurer la protection du site et le passage des convois, lors de l’exploitation de la cimenterie de Jalabiya en Syrie entre 2012 et 2014.

La société elle-même est jugée en tant que personne morale pour financement du terrorisme et non-respect de sanctions financières internationales liées aux paiements effectués via sa filiale syrienne entre 2012 et 2014. Dans ce procès, les prévenus encourent jusqu’à 10 ans de prison et 225 000 euros. Lafarge, en tant que personne morale, risque une amende d’1,125 million d’euros, assortie de sanctions complémentaires.

Ce procès ouvert le 4 novembre 2025 à Paris, qualifié d’« historique », car jamais une entreprise d’une telle importance n’a été jugée en France pour avoir financé des organisations terroristes, doit se poursuivre jusqu’au 19 décembre. Les débats mettent en lumière les mécanismes de contournement, les chaînes décisionnelles internes, ainsi que les contradictions entre impératifs économiques et risques humanitaires. De nombreux anciens dirigeants comparaissent, tandis que Lafarge est jugée comme personne morale.

L’affaire s’inscrit dans le prolongement des révélations publiées le 7 septembre 2021 par Anadolu (AA), qui avait mis en lumière des documents prouvant que Lafarge avait financé Daech, en pleine connaissance des services de renseignement français.

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