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Plusieurs mosquées exhortent la France à ne pas s’ingérer dans la gestion du culte musulman

- « La loi de 1905 ne permet pas l’ingérence de l’Etat dans la gestion du culte musulman », rappelle le Conseil Départemental du Culte Musulman de Savoie (CDCM), dans un communiqué publié dimanche.

Majdi Ismail  | 09.02.2021 - Mıse À Jour : 09.02.2021
Plusieurs mosquées exhortent la France à ne pas s’ingérer dans la gestion du culte musulman

France

AA/Paris/Fatih Karakaya

« La loi de 1905 ne permet pas l’ingérence de l’Etat dans la gestion du culte musulman », affirme le Conseil Départemental du Culte Musulman de Savoie (CDCM), dans un communiqué publié dimanche.

En effet, les 16 mosquées qui composent cette instance créée le 26 septembre 2020, laquelle est représentative des mosquées du département de la Savoie (Sud-Est), se démarquent de la position du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) qui s’était prononcé en faveur de la « charte pour un Islam de France ».

Ainsi le CDMC de Savoie, précise dans son communiqué, qu’il « tient à énoncer sa position » sur le processus qui a donné jour à la charte des principes de «l’Islam de France», présentée et signée devant le président de la République Française par 5 des 8 fédérations qui forment le CFCM le 18 janvier 2021.

Les mosquées rappellent ainsi que « de nombreuses voix s’élèvent au sein des acteurs associatifs de terrain pour dénoncer le processus qui a mené à la rédaction de ladite charte dans un empressement étrange et en l’absence totale de concertations avec les instances départementales et régionales et des premiers concernés à savoir, les imams et les acteurs associatifs ».

Par ailleurs, pour les dirigeants de mosquées, « il est évident que tout citoyen sans exception est soumis à la loi française ». En revanche, ils regrettent « qu’une charte des principes soit spécifiquement élaborée à l’attention des musulmans, même si ces derniers n’ignorent pas les valeurs de leur pays, qui sont intrinsèquement les leurs ».

Considérant dans ce sens la charte comme « inadmissible voire absurde », ils rappellent que « d’après le Code civil tous les citoyens sont égaux devant la loi, sans distinction de sexe, d'origine, de race ou de religion ».


* Une charte spécifique pour les musulmans


De ce fait, les mosquées « considèrent que la création d’une charte spécifique peut remettre en question l’efficacité et la crédibilité de la loi de la République applicable à tous les citoyens ».

En outre, les dirigeants de mosquées tiennent à faire savoir que « la loi de 1905 ne permet pas l'ingérence de l'Etat dans la gestion du culte musulman et garantit l'application du droit français de manière égale : liberté de conscience, égalité de droit, fraternité humaine ».

Pour toutes ces raisons le CDCM de Savoie refuse également toute ingérence étrangère et instrumentalisation de la foi à des fins politiques ».

Même si le Conseil se dit favorable « au principe d’un conseil des imams », il espère que celui-ci soit « réfléchi et construit dans les conditions les plus convenables, pour tendre la main à toutes les compétences de ce domaine qui n’hésiteront pas à agir en faveur d’une stabilité sociale ».

De plus, « il réaffirme également sa volonté de continuer à oeuvrer à la construction d’un avenir commun autour des valeurs de cohésion et de fraternité qui, ont fait et continuent de faire la grandeur de la France ».

Tout en rappelant que « le CDCM de Savoie est le fruit d’un travail collectif des différentes associations locales, et d’un dialogue constructif de concert avec la préfecture », le Conseil Départemental se dit être au « service des fidèles et des associations du culte musulman pour un vivre et un agir ensemble en harmonie avec tous les concitoyens du département ».


* D’autres instances locales expriment les mêmes réserves


Quelques jours plus tôt, le Conseil Régional du Culte Musulman (CRCM) de Midi-Pyrénées, avait exprimé les mêmes réserves dans un communiqué publié le 1er février.

Au niveau national, le CFCM représente le culte musulman et au niveau régional, les CRCM prennent le relais. Depuis 2020, les conseils départementaux du culte musulmans ont été créés afin d’être encore plus proche de la population.

Pour rappel, parmi les huit fédérations qui composent le CFCM, trois avaient refusé de signer, à savoir, le Comité de Coordination des Musulmans Turcs de France (CCMTF), la Confédération Islamique Milli Görus (CIMG) et l’association musulmane « Foi & Pratique ».

Suite à ce refus, plusieurs mosquées, associations et personnalités, ont appelé à des mobilisations pour dénoncer une charte « spécifique aux musulmans » ainsi que la loi contre le séparatisme rebaptisée « loi confortant les principes républicains », actuellement en discussion à l’Assemblée Nationale.



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