
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Emmanuel Macron assure que la réforme des retraites n’est ni abandonnée ni gelée, malgré le report d’une de ses étapes clés annoncé par le Premier ministre Sébastien Lecornu.
Par voie de déclaration, ce mardi, lors d’une conférence de presse en Slovénie, le chef de l’État français a insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’un renoncement politique. « Ce n’est ni l’abrogation, ni la suspension, c’est le décalage d’une échéance », a-t-il déclaré. Il faisait référence à l’échéance du 1er janvier 2027, à laquelle l’âge légal de départ à la retraite devait atteindre 63 ans et 3 mois, désormais repoussée au 1er janvier 2028. Il a précisé que ce report serait financé « par des économies ».
Macron a défendu une réforme qu’il continue de juger indispensable à l’équilibre du système. « La réforme qui avait été votée était une réforme nécessaire pour le pays », a-t-il affirmé, rappelant qu’elle figurait dans son programme présidentiel de 2022, avec un engagement à porter l’âge légal à 65 ans. Il a assumé la cohérence de ce projet avec ses engagements de campagne.
Le président a justifié cette réforme par la logique du système par répartition : « Les actifs payent pour la retraite de leurs contemporains. [Ce système] n’est pas équilibré avec l’âge de départ actuel. » Il a laissé entendre que le débat devra être rouvert tôt ou tard, indépendamment du contexte budgétaire.
En ce sens, il s’est félicité de la volonté affichée par les partenaires sociaux de reprendre les discussions : « Je me félicite que le Premier ministre ait souhaité en même temps rouvrir ce débat, et que plusieurs forces syndicales et patronales aient manifesté leur envie de le reprendre. »
Concernant l’idée d’un référendum, Emmanuel Macron n’a pas fermé la porte mais l’a renvoyée à une étape ultérieure : « Les perspectives de référendum sont possibles. Encore faut-il qu’on sache sur quoi. »
Alors que le contexte social reste tendu et que l’exécutif cherche à éviter une nouvelle séquence de crispation, le président semble parier sur l’usure du débat et le retour du dialogue pour faire avancer, à terme, une réforme qu’il n’a jamais vraiment retirée de la table.
Adoptée en avril 2023 par le recours à l’article 49.3 de la Constitution, la réforme des retraites est entrée en vigueur dans un contexte de forte mobilisation sociale. Des manifestations massives ont suivi le déclenchement de la procédure sans vote à l’Assemblée, avec notamment « une dizaine de journées de mobilisation » rassemblant entre un million (selon le ministère) et jusqu’à 3,5 millions de manifestants (selon la CGT) au plus fort du mouvement.