Le Mossad a menacé l'ancienne procureure de la CPI pour obtenir l’abandon des procédures contre Tel Aviv
- L’ancien chef du Mossad, Yossi Cohen, a proféré les menaces suivantes contre Fatou Bensouda : “Vous ne voulez pas vous engager dans des choses qui pourraient compromettre votre sécurité ou celle de votre famille“
Istanbul
AA / Londres / Muhammed Kılıc
L'ancien chef des services de renseignement israéliens (Mossad), Yossi Cohen, aurait tenu des réunions secrètes avec l'ancienne procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, avant l’ouverture d’une enquête contre Israël, et l'aurait menacée pour la contraindre à arrêter la procédure, révèle ce mardi The Guardian.
Le quotidien britannique explique dans un article que Bensouda, qui a été procureure de la CPI entre 2012 et 2021, avait ouvert une enquête sur les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis par Israël dans les territoires palestiniens au cours de l'année 2021.
Il a souligné que le chef du Mossad de l'époque, Yossi Cohen, avait eu des réunions secrètes avec Bensouda et lui avait déclaré que l'enquête de la CPI, dont les procédures préliminaires avaient débuté en 2016, constituerait une menace pour les militaires de l'armée israélienne.
Des sources israéliennes qui se sont confiés au Guardian ont déclaré que l’objectif de Cohen “était de se réconcilier avec Bensouda ou de coopérer avec elle dans l’intérêt d’Israël, et qu’il était un messager officieux du Premier ministre Benyamin Netanyahu“.
Quatre sources différentes ont confirmé que Bensouda avait qualifié “le comportement de Cohen de persistant et menaçant“ envers certaines figures éminentes de la Cour pénale internationale.
Des sources judiciaires ont rapporté que Cohen a déclaré à Bensouda : “Vous devriez nous aider et nous laisser prendre soin de vous. Vous ne voulez pas vous engager dans des choses qui pourraient compromettre votre sécurité ou celle de votre famille“.
Selon deux sources différentes, le Mossad aurait également obtenu des transcriptions d’enregistrements secrets appartenant au mari de Bensouda.
Les sources ont indiqué qu’Israël a ensuite utilisé ces documents pour tenter de discréditer Bensouda, notant que le ton de Cohen avait changé par la suite et qu'il avait utilisé toute une série de tactiques, incluant “des menaces et des manipulations“, ce qui a contraint Bensouda à informer un petit groupe de hauts responsables de la CPI du comportement du chef du Mossad.
L'article de presse souligne les efforts coordonnés des gouvernements de l’ancien président américain Donald Trump et de Benyamin Netanyahu pour faire pression publiquement et secrètement sur les procureurs et les employés de la CPI.
Dans une décision sans précédent, l’administration Trump a imposé des restrictions de visa et des sanctions au procureur général Bensouda en 2019 et 2020, en réponse à son enquête sur les crimes de guerre attribués aux Taliban et au personnel militaire afghan et américain en Afghanistan.
Les sanctions américaines ont été annulées après l’investiture du président Joe Biden à la Maison Blanche.
En février 2021, la Chambre préliminaire de la Cour pénale internationale a publié une décision confirmant que la Cour a compétence sur les territoires palestiniens occupés, et le mois suivant, Bensouda a annoncé l'ouverture d'une enquête pénale.
Trois mois après ces faits, Bensouda a terminé son mandat de 9 ans à la CPI, passant l'enquête à son successeur, Karim Khan.
Khan a annoncé la semaine dernière qu’il avait demandé l’émission de mandats d’arrêt contre Netanyahu, son ministre de la Défense et trois dirigeants du Hamas, tous accusés de “crimes de guerre“.
Depuis le 7 octobre, Israël mène une guerre à outrance dans la bande de Gaza qui a fait plus de 117 000 victimes civiles, (entre morts et blessés), en majorité des enfants et des femmes, et près de 10 000 personnes portées disparues dans un contexte de famine et de destruction massive, selon des données palestiniennes et de l’Onu.
Israël poursuit sa guerre déclarée au mouvement Hamas, malgré que le procureur général de la Cour pénale internationale (CPI), basée à La Haye, a demandé l'émission de mandats d'arrêt internationaux contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et son ministre de la Défense Yoav Gallant pour ‘’crimes de guerre’’ et ‘’crimes contre l’humanité’', et en dépit d’une résolution adoptée par le Conseil de sécurité appelant à un “cessez-le-feu immédiat.”
* Traduit de l’arabe par Mounir Bennour.
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