Le chef d'état-major de l'armée soudanaise critique la proposition de trêve du Quad présentée par l'envoyé américain
- Burhan la qualifie de « pire document jamais soumis, car il élimine les forces armées et maintient les milices rebelles, les Forces de soutien rapide, dans leurs zones d'influence »
Istanbul
AA / Khartoum et Istanbul / Adel Abdelrheem et Rania Abu Shamala
Le président du Conseil souverain du Soudan, Abdel Fattah al-Burhan, a critiqué dimanche la proposition présentée par le mécanisme du Quad, par l'intermédiaire de Massad Boulos, conseiller du président américain pour le Moyen-Orient et l'Afrique.
Il a déclaré que ce document « est le pire jamais soumis, car il supprime les forces armées, appelle à la dissolution de tous les services de sécurité et maintient les milices rebelles (Forces de soutien rapide) dans leurs zones d'influence ».
Cette déclaration a été faite lors d'une réunion entre Burhan et de hauts gradés de l'armée, du grade de général de brigade et supérieur, selon un communiqué du Conseil.
Burhan n'a pas divulgué le contenu du document auquel il faisait référence.
Cependant, le 12 septembre, le Quad (Arabie saoudite, Égypte, Émirats arabes unis et États-Unis) a publié une déclaration appelant à une trêve humanitaire initiale de trois mois au Soudan afin de permettre l'acheminement de l'aide humanitaire d'urgence dans toutes les zones, ouvrant ainsi la voie à un cessez-le-feu permanent.
Ce processus serait suivi du lancement d'un processus de transition global et transparent, devant être achevé dans un délai de neuf mois, afin de répondre aux aspirations du peuple soudanais à un gouvernement civil indépendant, doté d'une large légitimité et d'une réelle responsabilité.
Les partis du Quartet et Massad Boulos n'ont pas immédiatement réagi aux déclarations de Burhan.
Burhan, qui dirige également l'armée, a ajouté : « Si la médiation continue dans cette direction, nous la considérerons comme non neutre. »
Il a déclaré que l'envoyé américain « parle comme s'il voulait nous imposer des diktats ».
Il a ajouté : « Nous craignons que Massad Boulos ne devienne un obstacle à la paix recherchée par tous les Soudanais. »
Burhan a affirmé que Boulos « profère des menaces et prétend que le gouvernement entrave l'arrivée des convois humanitaires et a utilisé des armes chimiques ».
Il a poursuivi : « Nous lui disons que votre document est inacceptable », insistant sur la nécessité d'adopter la feuille de route proposée par le gouvernement soudanais.
En février, le gouvernement soudanais a annoncé une feuille de route pour la résolution de la crise. Ce plan repose sur plusieurs piliers, notamment le lancement d'un dialogue national inclusif réunissant toutes les forces politiques et sociales.
Il prévoit également la formation d'un gouvernement d'experts nationaux indépendants, afin d'aider l'État à surmonter les conséquences de la guerre, et notamment le dépôt des armes et l'évacuation des sites civils comme condition préalable à toute négociation avec la rébellion.
Par ailleurs, lors de cette même réunion, Burhan a rejeté les critiques américaines faisant état d'une « influence des Frères musulmans au sein de l'armée », insistant sur le fait que l'institution militaire est capable de se réformer et de se restructurer sans ingérence extérieure.
Il a déclaré que le discours propagé par Boulos concernant une prétendue « emprise des Frères musulmans » sur l'armée n'est qu'une « tactique d'intimidation » visant à influencer les Américains, les Saoudiens et les Égyptiens, soulignant qu'il est « faux et mensonger ».
Burhan a accusé les Forces de soutien rapide, FSR, de commettre un « génocide et un nettoyage ethnique ».
Il a pointé du doigt la présence de « pays et d'acteurs politiques » (non nommés) apportant leur soutien aux FSR, jugeant ce soutien « inacceptable ».
Il a ajouté : « Nous ne sommes ni partisans de la guerre, ni opposés à la paix, mais personne ne peut nous menacer ni nous imposer de conditions. »
Depuis avril 2023, l'armée soudanaise et les FSR sont engagées dans une guerre que les médiations régionales et internationales n'ont pas réussi à résoudre. Ce conflit a fait des milliers de morts et des millions de déplacés.
*Traduit de l’anglais Ayse Bashoruz
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