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La France, "encore loin d'être sortie des pesticides" (associations écologistes)

- La France est dans le top 3 des pays européens qui autorisent le plus de pesticides. Les territoires d'outre-mer restent surexposés aux pesticides même après le scandale du chlordécone, souligne un "Atlas des pesticides en France" publié ce mardi

Majdi Ismail  | 16.05.2023 - Mıse À Jour : 17.05.2023
La France, "encore loin d'être sortie des pesticides" (associations écologistes)

France

AA / Tunis / Majdi Ismail

La France serait "encore loin d'être sortie des pesticides", déplore un "Atlas des pesticides en France", publié pour la première fois ce mardi par cinq organismes et associations écologistes.

Dans ce document de 66 pages, la Fondation Heinrich Böll (soutenue par les Verts allemands), Friends of the Earth Europe, BUND, le Pesticide Action Network Europe et La Fabrique écologique, ont souligné que "La France est certes le premier pays européen en termes de production issue de l'agriculture biologique", mais, "les efforts demeurent insuffisants face aux enjeux de protection de la biodiversité, de protection du climat, de souveraineté alimentaire, et compte tenu du poids de l'agriculture française, première puissance agricole de l'UE".

Malgré une réduction de l’usage des pesticides en 2020 et en 2021, les auteurs de cet Atlas assurent que "la France est loin d'avoir rattrapé son retard par rapport à l'objectif qu'elle s'était fixé". En 2008, Paris visait une baisse de 50 % en dix ans, soit en 2018, mais a été contraint de revoir ses ambitions à la baisse en repoussant l’échéance à 2025.

"Les moyens sont globalement trop faibles", pointe le rapport, alors que la première ministre Elisabeth Borne s’est engagée à adopter une nouvelle approche des pesticides et à consacrer des moyens supplémentaires dans le prochain plan, Ecophyto 2030, censé développer des alternatives, mais sans véritables annonces sur la réduction des pesticides.

Par ailleurs les organismes et associations écologistes soutiennent dans leur rapport que les pesticides coûteraient "presque deux fois plus à la société que ce qu'ils rapportent".

Dans leur analyse coûts-bénéfices, les auteurs ont comparé les profits générés par les acteurs privés aux coûts réels générés par l'utilisation des produits (dépenses publiques de dépollution de l'eau, de soin des maladies du travail, soutien public au secteur des pesticides, etc.). Ils précisent qu'au niveau européen, le coût serait 2,5 fois supérieur, rapporte le quotidien « Les Échos ».

La France est "dans le top 3 des pays européens qui autorisent le plus de pesticides" avec 291 pesticides autorisés, sur les 453 approuvés en Europe, selon l’ONG Générations Futures, citée dans l’Atlas.

Elle serait également le pays de l’Union européenne "qui déclarait le volume le plus élevé en termes de ventes de pesticides en 2020 – et même si cela reste à relativiser au vu de la surface agricole du pays, elle peine à réduire son utilisation, y compris en kilogrammes par hectare", souligne encore le document.


** Les territoires d'outre-mer, le bassin parisien et la vallée du Rhône, très exposés

Selon l’Atlas des pesticides en France, "ce sont les territoires spécialisés dans la viticulture, l’arboriculture fruitière ou les grandes cultures céréalières qui présentent les IFT (Indicateur de Fréquence de Traitements phytosanitaires, ndlr) les plus élevés. Dans ces territoires, l’assolement est peu diversifié et l’agriculture plus intensive". Ainsi, le grand bassin parisien, les territoires du Nord de la France (spécialisés dans les grandes cultures), la vallée de la Garonne (spécialisée dans la viticulture), la vallée du Rhône (spécialisée dans l’arboriculture fruitière et la viticulture) mais encore la Limagne (spécialisée dans les grandes cultures), entre autres territoires sont fortement exposés.

Mathilde Boitias, de la Fabrique écologique, citée par France Inter indique que "si l'on ne considère que les herbicides, ce sont les zones de grandes cultures, comme le bassin parisien, où il y a le plus d'herbicides, c'est-à-dire le glyphosate. Et c'est très important, parce que ce sont des produits chimiques qui vont se retrouver dans l’eau".

Les territoires d'outre-mer restent eux surexposés aux pesticides, même après le scandale du chlordécone, soulignent les auteurs du rapport, qui rappellent que certains produits interdits en France métropolitaine ont continué à être autorisés aux Antilles entre autres, alors que des pesticides ont été exportés sur d'autres continents quand bien même ils étaient interdits au sein de l'Union européenne.




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