Gaza: La guerre a fait plus de 100 000 morts, selon un institut de recherche allemand
- Selon des chercheurs du prestigieux Institut Max Planck, entre 99 997 et 125 915 personnes ont perdu la vie dans la bande de Gaza durant les deux premières années de la guerre
Berlin
AA / Berlin / Oliver Towfigh Nia
Le nombre de Palestiniens tués dans la guerre à Gaza pourrait être bien plus élevé qu’estimé jusqu’ici, a rapporté lundi l’hebdomadaire allemand Die Zeit.
Selon les calculs d’une équipe de recherche du prestigieux Institut Max Planck pour la recherche démographique, basé dans la ville portuaire de Rostock, au nord-est du pays, au moins 100 000 personnes seraient mortes ou auraient été tuées au cours d’un conflit qui dure depuis plus de deux ans.
« Nous ne connaîtrons jamais le nombre exact de morts. Nous essayons seulement d’estimer le plus précisément possible un ordre de grandeur réaliste », a déclaré Irena Chen, co-responsable du projet.
D’après les estimations des chercheurs, entre 99 997 et 125 915 personnes sont mortes ou ont été tuées dans les combats à Gaza durant les deux premières années du conflit. Leur estimation médiane s’établit à 112 069 décès.
Les scientifiques du Max Planck ont compilé des données issues de multiples sources avant d’établir une projection statistique. Outre les chiffres du ministère de la Santé de Gaza, ils ont intégré une enquête indépendante menée auprès des ménages ainsi que des signalements de décès publiés sur les réseaux sociaux.
Jusqu’à présent, la seule source officielle restait le ministère de la Santé de Gaza, qui avait recensé 67 173 morts durant les deux premières années de la guerre.
Cependant, Die Zeit souligne qu’aucune preuve de manipulation statistique n’a été trouvée.
Au contraire, plusieurs équipes de recherche avaient déjà montré que le ministère adopte généralement une approche conservatrice dans son décompte. Il est désormais largement documenté que la guerre entre Israël et le Hamas a causé davantage de morts que le bilan officiel ne le laisse entendre. Divers travaux convergent vers l’existence d’un important nombre de décès non signalés.
Le ministère n’enregistre en effet que les décès confirmés, notamment ceux disposant d’un certificat délivré par un hôpital. Or, de nombreuses structures hospitalières ont cessé de fonctionner normalement durant la guerre, poussant les autorités à utiliser également les déclarations de décès fournies par les familles, des informations ensuite vérifiées par une commission. Les victimes ensevelies sous les décombres, par exemple, échappent souvent aux statistiques.
L’équipe du Max Planck s’est appuyée sur ces constats préalables pour établir des estimations de mortalité détaillées. Elle a ainsi analysé séparément les hommes, les femmes et les différentes tranches d’âge.
Cette approche permet d’affiner les chiffres globaux, mais aussi d’identifier plus précisément les profils des victimes. La fiabilité des enregistrements varie en effet selon le genre et l’âge : les femmes sont moins comptabilisées que les hommes, et les statistiques officielles omettent fréquemment les décès de personnes âgées de plus de 60 ans.
Selon les estimations des chercheurs, environ 27 % des personnes tuées pendant la guerre seraient des enfants de moins de 15 ans, et environ 24 % seraient des femmes.
Les spécialistes ont également évalué l’impact du conflit sur l’espérance de vie dans la bande de Gaza.
Avant la guerre, elle atteignait 77 ans pour les femmes et 74 ans pour les hommes. Pour 2024, les démographes projettent une espérance de vie de 46 ans pour les femmes et 36 ans pour les hommes, un indicateur purement statistique à ce stade.
Il signifie que si les combats se poursuivaient indéfiniment au rythme actuel, les Palestiniens n’atteindraient en moyenne que cet âge. Ces données illustrent la dangerosité extrême des conditions de vie pour les civils dans la bande de Gaza.
* Traduit de l'anglais par Adama Bamba
