AA / Istanbul / Seyma Erkul Dayanc

Le parquet national antiterroriste français annonce ce jeudi l’interpellation par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), le service de renseignement et de contre-espionnage français, de quatre hommes soupçonnés d’avoir fomenté un projet d’assassinat contre un opposant russe réfugié en France.

« C'est une affaire prise très au sérieux, c'est une première en France », a indiqué sur CNEWS, chaîne de télévision française d’information en continu, Claude Moniquet, spécialiste des renseignements, au sujet du projet d’assassinat récemment déjoué à Biarritz.

L’homme visé, Vladimir Ossetchkine, considéré comme l’une des figures de l’opposition au Kremlin, est le créateur du site Gulagu.net, dédié à la publication de témoignages et d’informations sur les prisons russes. Il est protégé par la police depuis 2022 et réside à Biarritz depuis 2015.

Les suspects, âgés de 26 à 38 ans, dont trois originaires du Daghestan, petite république russe fédérée, ont été arrêtés en région parisienne et en Loire-Atlantique dans le cadre d’une enquête ouverte pour « association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes d’atteinte aux personnes », selon des médias français. Ils ont été présentés ce jeudi devant un juge antiterroriste, le parquet ayant requis leur placement en détention provisoire.

L’enquête, ouverte le 19 septembre après un signalement à la justice antiterroriste, indique que le quatuor aurait effectué plusieurs déplacements depuis la région parisienne et nantaise vers le domicile de l’opposant, dans un quartier résidentiel de Biarritz. Des vidéos retrouvées sur le téléphone d’un des suspects, présenté comme le meneur de la mission, montreraient des plans de l’immeuble et des commentaires sur l’environnement, sans que la victime n’apparaisse.

Selon des médias français, en garde à vue, les suspects auraient déclaré ignorer l’identité de leur commanditaire ou avoir été manipulés, évoquant un séjour à Biarritz pour les vacances. La DGSI considère toutefois qu’il s’agit probablement de repérages en vue d’un assassinat, possiblement piloté par des services secrets russes.

Récemment, la DGSI avait alerté sur une recrudescence d’actions violentes de services extérieurs d’État considérés comme hostiles, avec un mode opératoire reposant sur le recrutement d’exécutants et le cloisonnement avec la chaîne hiérarchique. Ces complots font désormais l’objet d’enquêtes de la justice antiterroriste.