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France : Lecornu veut relancer le conclave sur les retraites, la CFDT dit non

– Le nouveau Premier ministre souhaite rouvrir les discussions sur les retraites malgré l’opposition immédiate du premier syndicat français.

Ümit Dönmez  | 11.09.2025 - Mıse À Jour : 11.09.2025
France : Lecornu veut relancer le conclave sur les retraites, la CFDT dit non

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez


Sébastien Lecornu, tout juste nommé Premier ministre, envisage de rouvrir le conclave sur les retraites, initié par son prédécesseur François Bayrou. Ce conclave, lancé pour désamorcer la crise sociale déclenchée par la réforme de 2023, avait échoué après plusieurs mois de discussions entre syndicats et patronat.

Par voie d’un communiqué diffusé jeudi, la CFDT (Confédération française démocratique du travail) a fermement rejeté cette initiative. « Pour la CFDT, il n'est pas question de relancer le conclave retraites », a déclaré le syndicat, précisant n’avoir eu « aucun échange avec le Premier ministre sur ce sujet comme sur les autres ». Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, a confirmé jeudi matin sur France Inter qu’elle n’avait eu qu’un « très bref échange de prise de contact » avec Sébastien Lecornu, sans discussion de fond.

La réforme des retraites de 2023, portée par le gouvernement précédent, avait profondément marqué le pays. Adoptée au forceps via l’article 49.3, elle avait repoussé l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans et déclenché une mobilisation historique. Plusieurs journées de grève interprofessionnelle avaient réuni des millions de manifestants dans les rues. Malgré cette contestation, le gouvernement avait maintenu sa réforme, ce qui avait laissé des traces profondes dans le dialogue social.

Pour tenter de rétablir un canal de discussion, François Bayrou avait initié en 2024 un conclave rassemblant syndicats et patronat. L’objectif affiché était de traiter les enjeux liés à la pénibilité, aux carrières longues ou encore aux fins de carrière. Si la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC avaient accepté d’y participer jusqu’au bout, la CGT et Force Ouvrière avaient rapidement claqué la porte.

Le 19 mars 2025, la CGT annonçait officiellement son retrait du conclave. Elle dénonçait l’absence d’ouverture réelle sur les points clés, notamment l’âge légal. « La CGT a décidé ce soir de quitter ces concertations […] le Premier ministre et le patronat ont malheureusement définitivement enterré ce conclave », déclarait alors Sophie Binet, sa secrétaire générale. Quelques mois plus tard, dans un communiqué publié le 24 juin, la CGT affirmait que « l’abrogation » de la réforme restait « la seule solution » envisageable.

Force Ouvrière avait pour sa part quitté le conclave dès les premières réunions, qualifiant la démarche de « mascarade », en l’absence de volonté de revenir sur les mesures centrales de la réforme de 2023.

En relançant l’idée d’un conclave, Sébastien Lecornu entend sans doute montrer une volonté d’ouverture. Mais la reprise du dialogue sur les retraites semble, pour l’instant, buter sur une profonde méfiance. La CFDT, qui avait pourtant tenté de corriger la réforme de l’intérieur, estime désormais que « la seule voie possible est de suspendre la réforme et de renvoyer les choix futurs à 2027 ».


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