Monde, Journal de l'Islamophobie

France : Laurent Wauquiez veut interdire le port du voile aux mineures dans l’espace public

- Le président du groupe Droite républicaine a déposé lundi une proposition de loi visant à sanctionner les parents qui autorisent ou contraignent leurs filles mineures à porter le voile dans l’espace public

Serap Doğansoy  | 24.11.2025 - Mıse À Jour : 24.11.2025
France : Laurent Wauquiez veut interdire le port du voile aux mineures dans l’espace public

Istanbul

AA / Istanbul / Serap Dogansoy​​​​​​​

Une proposition de loi visant à interdire le port du voile par les mineures dans l’espace public a été déposée lundi à l’Assemblée nationale par le président du groupe Droite républicaine, Laurent Wauquiez. Le texte entend compléter la législation existante en ciblant les parents qui « contraignent ou autorisent » leurs filles mineures à dissimuler leur chevelure, dans un contexte politique marqué par de vifs débats autour de l’islam et de la laïcité.

Le texte vise à compléter la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public. Il introduirait une nouvelle infraction visant les parents : il serait interdit de « contraindre ou d’autoriser sa fille mineure à porter, dans l’espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure ». Les contrevenants s’exposeraient à une amende forfaitaire de 35 euros.

Pour le chef de file des députés de droite, ces pratiques « heurtent nos principes les plus fondamentaux », qu’il identifie comme la protection de l’enfant, la liberté de conscience et l’égalité entre les femmes et les hommes. « Le voilement d’une enfant revient à instiller dans les jeunes esprits […] l’infériorité de la femme ou sa responsabilité dans l’attirance que la vision de sa chevelure pourrait susciter chez l’homme », écrit-il dans l’exposé des motifs.

- Un contexte appuyé sur un rapport du ministère de l’Intérieur

Dans son argumentaire, Laurent Wauquiez se réfère au rapport du ministère de l’Intérieur intitulé « Frères musulmans et islamisme politique en France », issu d’une mission confiée à un groupe de hauts fonctionnaires en avril 2024, qui a auditionné plus de 200 personnes et mené des travaux en France et dans plusieurs pays européens.

Ce rapport évoque l’existence de réseaux structurés liés à la mouvance des Frères musulmans dans les domaines cultuel, éducatif et social, ainsi que des stratégies qualifiées d’« entrisme », définies comme des tentatives d’influence visant à faire prévaloir des normes religieuses sur le cadre républicain.

Le document insiste par ailleurs sur la distinction entre islam et islamisme, ce dernier étant présenté comme une instrumentalisation politique de la religion. Il s’inscrit dans la continuité du discours présidentiel des Mureaux en 2020 et de la loi de 2021 « confortant le respect des principes de la République ».

- Une enquête IFOP au cœur de la controverse

Laurent Wauquiez s’appuie également sur une enquête de l’IFOP consacrée aux pratiques religieuses des jeunes musulmanes en France, pour évoquer un « accroissement significatif » du port du voile : selon les chiffres qu’il cite, 44 % des jeunes femmes musulmanes âgées de 15 à 24 ans déclareraient le porter, contre 16 % en 2003. Il juge par ailleurs « inquiétantes » les motivations invoquées, notamment celle de « ne pas attirer le regard des hommes ».

De son côté, l’IFOP défend sa méthodologie. Son directeur du pôle « Politique / Actualités », François Kraus, évoque une « réaffirmation identitaire » chez une partie de la jeunesse musulmane. Le directeur général, Frédéric Dabi, reconnaît l’existence d’une marge d’erreur inhérente à toute enquête d’opinion, tout en affirmant la rigueur de la méthodologie utilisée.

- Un texte dont l’inscription à l’ordre du jour reste incertaine

À ce stade, la proposition de loi de Laurent Wauquiez n’a pas été inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Le groupe Droite républicaine n’a pas précisé s’il entendait la faire examiner lors de sa prochaine journée d’initiative parlementaire, prévue le 22 janvier. Ces derniers jours, la présence de jeunes filles voilées dans les tribunes du public de l’Assemblée avait déjà ravivé les tensions autour de cette question.

Ce n’est pas la première fois que le dirigeant de la Droite républicaine se positionne sur le port du voile. En avril dernier, un échange tendu avait opposé Laurent Wauquiez à François Bayrou lors d’un petit-déjeuner réunissant des cadres du « socle commun » à Matignon, notamment au sujet du voile dans le sport. Partisan d’une interdiction dans le cadre des pratiques sportives, Wauquiez s’était heurté à l’opposition de l’ex-Premier ministre, qui avait jugé une telle mesure susceptible de « stigmatiser 9 millions de nos compatriotes musulmans ».



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