France / Fonds Marianne : Mohamed Sifaoui charge Marlène Schiappa
- Et accuse l’Inspection générale de l’administration de mentir.

France
AA/Nice/Feïza Ben Mohamed
Le journaliste Mohamed Sifaoui a déclaré jeudi devant la commission d’enquête sénatoriale qui l’auditionnait, que sa première « erreur est d’avoir fait confiance à Marlène Schiappa », concernant le Fonds Marianne.
« A mon modeste niveau j’assume mes responsabilités, mon erreur est d’avoir fait confiance à Madame Schiappa. Les gens engagés ont parfois la naïveté de croire que les autres sont aussi engagés qu’eux » a-t-il plaidé en conclusion de son audition.
Il assure à cet effet que « la validation politique était très éloignée de la traduction administrative et financière du projet » dont il était porteur et précise que « dès le moment où la ministre a capitalisé sur le projet avec sa communication » il comprends « que ce sera difficile ».
Le journaliste a ensuite perdu ses nerfs après que le rapporteur de la commission d’enquête Jean-François Husson lui a fait remarquer qu’il avait adopté la même « posture » que celle de Marlène Schiappa en prétendant y être impliqué tout en se tenant « à distance ».
Qualifiant les propos du sénateur de « ridicules » et l’accusant de faire « des insinuations », Mohamed Sifaoui a ensuite poursuivi son propos sur un ton particulièrement tendu.
« Le sujet qui intéresse votre commission d’enquête n’est pas celui de la république des copains pour reprendre les propos scandaleux, insultants et diffamatoires utilisés par l’un de vos collègues sur une chaîne de télévision, en l’occurrence Public Sénat. Je parle de vous, Monsieur le sénateur Daniel Breuiller » a-t-il ensuite poursuivi en lui assénant que « le premier copinage qui devrait être dénoncé, c’est celui qui lie (son) courant politique, les écologistes, à l’islamisme et ce dans plusieurs villes de France ».
Sur sa lancée, Mohamed Sifaoui a été jusqu’à accuser l’inspection générale de l’administration (IGA), d’avoir publié un « pathétique rapport, instruit exclusivement à charge avec des approximations, des insinuations graves et là aussi des mensonges ».
Pour rappel, le Fonds Marianne, doté de 2,5 millions d’euros et pensé par l’ancienne ministre en charge de la Citoyenneté pour « défendre les valeurs de la République » en combattant de prétendus « discours séparatistes » a en réalité servi en partie à cibler des opposants politiques, des personnalités engagées contre l’islamophobie, ou encore Anadolu et sa correspondante en France.
L’utilisation de ces sommes astronomiques, fait l’objet d’une enquête du Parquet national financier (PNF), d’une commission d’enquête parlementaire ouverte par le Sénat, et d’investigations de la part de l’IGA.
Mohamed Sifaoui, porteur du projet I-Laïc, et mis en cause dans ce scandale, a lui-même fait l’objet d’une perquisition, mardi, avant d’être entendu par les services enquêteurs, mercredi.
Une perquisition a également été menée au domicile du préfet Christian Gravel, à la tête du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) qui pilotait le Fonds Marianne, une semaine après sa démission et son incrimination par le rapport de l’IGA rendu public le jour-même.
Ce rapport accablant estime que « l’appel à projets n’a été ni transparent ni équitable », que « l’utilisation de la subvention » par l’une des associations « n’a pas été conforme aux objectifs fixés » et que « le secrétariat général du CIPDR n’a pas accompli les diligences nécessaires au bon suivi de l'exécution de la subvention ».
Dans le détail, il est établi que le dossier de candidature de l’association à l’initiative du projet I-Laïc, dont Mohamed Sifaoui était la tête pensante, « a été transmis pour être initialement financé dans un autre cadre, 10 jours avant l'appel à projets », que cette structure n’était « pas éligible au bénéfice d'un financement, tant du fait de son objet que des manquements dans ses obligations déclaratives, relevés par la mission ».
L’IGA affirme également que « le volume et la qualité des publications sur les réseaux sociaux et internet sont inférieurs à la production prévue », tandis qu’une « partie de la subvention n'a pas été dépensée conformément à la convention ».
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