France / « Affaire Théo » : LFI dénonce un "deux poids deux mesures"
- La présidente du groupe insoumis à l'Assemblée nationale souligne néanmoins l'importance de la décision judiciaire rendue par la Cour d'Assises.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Suite au verdict de l'affaire Théo Luhaka, Mathilde Panot, présidente du groupe La France Insoumise (LFI) à l'Assemblée nationale, a regretté une forme de "deux poids deux mesures" dans les peines prononcées par la Justice française, notamment contre les violences policières et certains délits commis lors des émeutes urbaines de l'été dernier.
En réponse à une question d'Anadolu, Panot a tout d'abord exprimé son soutien à Théo et à sa famille tout en soulignant la rareté des condamnations de policiers par une Cour d'assise.
Pour rappel, la semaine dernière, trois policiers impliqués dans « l'Affaire Théo » ont été condamnés à des peines allant de trois mois à un an de prison avec sursis, dont la peine la plus sévère infligée au policier auteur du coup de matraque.
Ce jugement est intervenu sept ans après l'incident qui a laissé Théo Luhaka avec des séquelles irréversibles. Le jeune homme, alors âgé de 22 ans, a été gravement blessé à l'anus par la matraque d'un policier lors de son interpellation. Les détails du procès révèlent un usage disproportionné de la force, y compris des tirs de gaz lacrymogène et des coups portés alors que Théo était menotté au sol.
- Solidarité avec Théo
En réponse à la question d'Anadolu, Mathilde Panot a tout d'abord rappelé sa présence et son soutien aux côtés de Théo et de sa famille. "Nous étions plusieurs parlementaires à être là au rendu du verdict, en soutien à Théo et à sa famille", a-t-elle déclaré, soulignant la gravité des faits et l'engagement politique de son groupe envers les victimes de violences policières.
En abordant les peines retenues contre les policiers, Panot a souligné l'importance du verdict pour la famille de Théo, qui cherchait une reconnaissance officielle de leur souffrance et de l'injustice subie. La députée LFI a ensuite rappelé que Théo Luhaka souffre d'une infirmité permanente suite à l'intervention policière de février 2017. Elle a exprimé son regret que cette infirmité permanente n'ait pas été retenue par la justice, qui s'est concentrée exclusivement sur les violences volontaires. "La famille a tenu à dire à quel point il était important pour eux que les policiers soient officiellement condamnés par une Cour d'assise", a précisé Panot, relevant l'importance et la rareté de telles condamnations.
- Deux poids deux mesures
Mathilde Panot a également mis en évidence un déséquilibre dans les décisions judiciaires, en comparant la peine sévère infligée à un jeune pour un vol mineur à la légèreté relative des sanctions pour des actes ayant des conséquences bien plus graves.
#France / « Affaire #Théo » : #LFI dénonce un "deux poids deux mesures"
— Anadolu Français (@aa_french) January 24, 2024
- La présidente du groupe Insoumis à l'Assemblée nationale souligne néanmoins l'importance de la décision judiciaire rendue par la Cour d'Assise.#
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"Il est évident que le deux poids deux mesures qui peut exister dans les peines qui sont rendues, quand on se rappelle que, lors des révoltes urbaines, un jeune avait pris dix mois de prison ferme pour un vol de canette de RedBull, lorsque l'on compare évidemment le fait d'avoir rendu infirme à vie une personne [...] apparaît comme un deux poids deux mesures qui est insupportable dans notre pays".
Malgré cela, Mathilde Panot a choisi de se concentrer sur l'aspect positif, le soulagement de Théo et de sa famille d'avoir une reconnaissance judiciaire de leur épreuve. "Je veux encore lui adresser toute notre affection, notre affection à sa famille et surtout redire à quel point, je l'espère, ce procès en Cour d'assise aidera à ce que plus jamais des situations comme celle que Théo a vécue et continue de vivre ne puissent se passer dans ce pays", a-t-elle conclu, offrant ainsi une lueur d'espoir pour un avenir plus juste.
- Affaire Théo
La déclaration de Panot vient en écho aux propos de Théo Luhaka lui-même, qui, bien que soulagé par la reconnaissance de son statut de victime par la Justice française, a exprimé un profond désarroi face à l'impact permanent de cette violence policière sur sa vie. Comme rapporté par BFMTV, Théo a partagé son sentiment de soulagement mêlé à une tristesse persistante, soulignant que sa vie a été irrévocablement changée.
Cette affaire, qui a suscité une attention nationale en France, met en lumière les débats en cours sur les pratiques policières et la justice pénale. Le cas de Théo Luhaka est devenu emblématique des débats sur les violences policières, particulièrement envers les citoyens "racisés".
Pour rappel, trois policiers ont été condamnés à des peines allant de 3 à 12 mois de prison avec sursis, la semaine dernière, par la Cour d'assises de Seine-Saint-Denis pour l'interpellation violente en 2017 de Théo Luhaka.