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Espagne : Le parlement adopte une loi controversée d'amnistie pour les séparatistes catalans

- L'ancien président de la Généralité de Catalogne, Carles Puigdemont, pourra ainsi rentrer en Espagne... et peut-être même briguer un mandat électif au printemps

Alyssa Mcmurtry  | 14.03.2024 - Mıse À Jour : 16.03.2024
Espagne : Le parlement adopte une loi controversée d'amnistie pour les séparatistes catalans

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AA / Oviedo, Espagne / Alyssa McMurtry

Le Parlement espagnol a voté, jeudi, un projet de loi d'amnistie controversé en faveur des personnes poursuivies pour des délits liés au mouvement séparatiste catalan.

Cette loi d'amnistie pourrait bénéficier à plus de 1 000 personnes qui font l'objet de poursuites pénales ou qui ont déjà été condamnées, selon l'organisation séparatiste catalane Omnium Culture.

Carles Puigdemont, l'ancien président de la Généralité de Catalogne, est l'une des personnalités les plus en vue à bénéficier de cette mesure. Il vit en effet en exil hors d'Espagne depuis qu'il a pris la tête d'une tentative avortée d'accession à l'indépendance en 2017.

Son parti, Junts per Catalunya, a même fait obstacle à l'adoption de la première version de l'amnistie parce qu'elle ne garantissait pas que Puigdemont soit gracié.

Toutefois, après d'âpres négociations, le gouvernement espagnol a accepté de gracier également les personnes accusées de "terrorisme", comme Puigdemont.

Ces accusations sont liées à une manifestation organisée en 2019 devant l'aéroport de Barcelone qui, selon la Cour suprême espagnole, pourrait constituer une forme non violente de terrorisme au regard de la législation espagnole.

La nouvelle loi d'amnistie, tout en continuant d'exclure toute personne accusée de terrorisme, s'appuie désormais sur la définition européenne du terrorisme, qui est plus étroite que celle de l'Espagne.

La loi d'amnistie devra passer par le Sénat, où elle est presque sûre d'être adoptée, bien que cela puisse prendre un certain temps.

Le moment est d'autant plus intéressant que le président de la Généralité de Catalogne, Pere Aragonese, a convoqué mercredi des élections anticipées pour le mois de mai.

Le parti de Carles Puigdemont, Junts, souhaite qu'il soit son candidat.

Mercredi, Puigdemont a déclaré aux journalistes qu'il serait très intéressé par cette mission, mais qu'il était "prématuré" de se prononcer sur une telle éventualité.

De son côté, le gouvernement espagnol a également célébré l'adoption du projet de loi d'amnistie à l'issue d'une âpre bataille.

"Par cette loi, nous souhaitons mettre fin au temps de la confrontation et entamer une période de réconciliation", a déclaré Patxi Lopez, porte-parole du parti socialiste, au cours du débat.

La loi d'amnistie est extrêmement controversée en Espagne ; les opposants à cette loi ont organisé des actions de protestation massives et parfois violentes.

"Ce n'est pas une réconciliation, c'est une soumission", a déclaré Alberto Nunez Feijoo, chef du Parti populaire, jeudi.

En effet, le gouvernement progressiste minoritaire de l'Espagne a été contraint de négocier ce projet de loi pour obtenir le soutien indispensable des partis séparatistes catalans au sein d'un parlement marqué par les divisions.

Alors que la loi d'amnistie était censée permettre au gouvernement de coalition progressiste de l'Espagne de faire passer des lois plus facilement, les Socialistes ont déjà déclaré qu'ils avaient renoncé à présenter le budget 2024 en raison des élections en Catalogne.

Étant donné que les partis catalans seront encore plus difficiles à satisfaire avant les élections, la ministre espagnole du Trésor, Maria Jesus Montero, a déclaré que le budget 2023 serait prolongé, le gouvernement se concentrant sur le budget 2025.


*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj

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