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Après un déni de 64 ans, la France admet la torture et le meurtre de l'Algérien Ali Boumendjel

- Le président Macron a reçu quatre petits-enfants d'Ali Boumendjel et les a informés au nom de l’État français que leur grand-père "ne s'était pas suicidé, mais qu'il avait été torturé puis assassiné".

Mounir Bennour  | 03.03.2021 - Mıse À Jour : 04.03.2021
Après un déni de 64 ans, la France admet la torture et le meurtre de l'Algérien Ali Boumendjel

Algeria

AA / Alger

Le président français Emmanuel Macron a admis que les forces armées de son pays ont bel et bien torturé et tué le militant algérien, Ali Boumendjel, lors de la colonisation française de l'Algérie, mettant fin à ce qui a été décrit comme un "faux roman historique", datant de 64 ans, à propos du suicide présumé de cette figure du militantisme algérien.

La présidence française a déclaré, dans un communiqué mardi soir, qu'Emmanuel Macron a reçu quatre petits-enfants de Boumendjel, et les avait informés au nom de l’État français que leur grand-père "ne s'était pas suicidé, mais avait été torturé puis assassiné".

Boumendjel (1919-1957) était un avocat et l'un des militants les plus éminents de la révolution de libération algérienne contre le colonialisme français (1954-1962), qui était dans le collimateur de l'administration coloniale.

Des historiens algériens et français affirment qu'une escouade de parachutistes (une force coloniale envoyée par Paris à l'époque, pour étouffer la révolution de libération algérienne), a arrêté Boumendjel en février 1957, dans un quartier de la capitale Alger, avant de le torturer pendant 43 jours, pour ensuite déclarer sa mort le 23 mars de la même année.

L'administration coloniale de l'époque, a fabriqué une histoire alléguant que Boumendjel s'était suicidé, mais les dirigeants de la révolution algérienne et les historiens ont affirmé qu'il avait été jeté du cinquième étage d'un immeuble, dans le quartier d'El Biar, au centre de la Capitale Alger.

Pendant des décennies, la famille Boumendjel et les organisations algériennes ont appelé à plusieurs reprises la France à révéler les véritables circonstances de sa mort, mais Paris a persisté à les ignorer.

La décision du président français fait suite à sa réception d'un rapport, datant de quelques semaines, rédigé par l’historien Benjamin Stora et portant sur l’époque coloniale. Le rapport préconisait de révéler la vérité sur cette affaire.

Le 20 janvier dernier, Stora a remis au président français son rapport revenant sur la colonisation de l'Algérie, qui comportait des propositions pour assainir les relations entre les deux pays et les débarrasser de l'état de paralysie causé par les affaires de mémoire coloniale demeurées en suspens et irrésolues entre les deux pays.

La période de la colonisation française de l'Algérie, qui a eu lieu entre 1830 et 1962, a été selon les autorités et les historiens algériens, le théâtre macabre de meurtres de près de 5 millions de personnes, sans parler des campagnes d'exode de la population locale et du pillage des richesses.

Les responsables français ont souligné à plusieurs reprises la nécessité pour l'Algérie de tourner la page de son passé colonial et de commencer une nouvelle page de son histoire.

Mais l'Algérie a réitéré ses demandes à la France de reconnaître officiellement les crimes coloniaux, de résoudre les dossiers liés à la restitution des archives et l'indemnisation des victimes.

*Traduit de l'arabe par Mounir Bennour.

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