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Angleterre: Des juristes menacés pour avoir demandé la radiation de Hamas de la liste des organisations terroriste

- Dans une déclaration à Anadolu, Fahad Ansari, l’un des avocats à l’origine de la démarche, a affirmé avoir été la cible de menaces et d’intimidations depuis qu’il a introduit la demande de radiation.

Zuhal Demirci, Hişam Sabanlıoğlu  | 30.04.2025 - Mıse À Jour : 30.04.2025
Angleterre: Des juristes menacés pour avoir demandé la radiation de Hamas de la liste des organisations terroriste

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AA / Londres / Zuhal Demirci - Hişam Sabanlıoğlu

Des avocats ayant entamé une procédure juridique pour radier le mouvement Hamas de la liste des "organisations terroristes" au Royaume-Uni ont déclaré avoir reçu des menaces de mort depuis le dépôt de leur requête, accusant des responsables politiques et de grands journalistes britanniques d’être à l’origine des campagnes de diffamation les visant.

Le Hamas a mandaté plusieurs avocats britanniques pour contester la décision de Londres de 2021, qui a élargi la désignation terroriste à l’ensemble du mouvement, incluant désormais son aile politique.

Dans une déclaration à Anadolu, Fahad Ansari, l’un des avocats à l’origine de la démarche, a affirmé avoir été la cible de menaces et d’intimidations depuis qu’il a introduit la demande de radiation.

Directeur du cabinet d’avocats "Riverway Law", Ansari a indiqué que le cabinet a reçu des centaines d’appels et de messages remplis d’injures et de menaces graves, allant jusqu’à des menaces de mort, obligeant le personnel à prendre un congé temporaire.

Face à ces attaques, Ansari a renforcé sa sécurité personnelle ainsi que celle du cabinet, dénonçant la responsabilité directe de plusieurs politiciens et journalistes de renom dans les campagnes de diffamation.

- Un message de solidarité venu d’Afrique du Sud

En réaction à ces menaces, plus de 80 avocats et institutions juridiques sud-africains ont signé une lettre exprimant leur solidarité avec leurs confrères britanniques et condamnant fermement les menaces et campagnes d’intimidation.

Dans cette lettre, ils dénoncent "une campagne sans précédent, délibérée et malveillante" menée par des organisations sionistes et leurs alliés dans les médias et la sphère politique, visant à discréditer les avocats impliqués.

Selon eux, cette campagne repose sur une "tentative erronée" de lier les avocats aux opinions idéologiques ou politiques de leurs clients — ce qui contrevient aux principes fondamentaux du droit et sape l’état de droit.

Les signataires rappellent que, sous l’apartheid, l’Afrique du Sud qualifiait également les mouvements de libération d’"organisations terroristes", et criminalisait leurs représentants avec le soutien du Royaume-Uni et des États-Unis.

"Les similitudes dans le discours, les attaques contre les défenseurs des droits humains et la négation du droit à la défense sont trop familières", souligne la lettre.

Les avocats sud-africains dénoncent avec force les attaques ciblant Fahad Ansari, Frank Magnitz, Daniel Groeters et toute l’équipe légale impliquée dans cette affaire.

Ils réaffirment que toute personne, peu importe la nature controversée ou impopulaire de sa cause, a droit à une défense juridique libre et indépendante, sans craindre des représailles.

Parmi les signataires figurent notamment l’ancien ministre sud-africain du renseignement Ronnie Kasrils et le juge Zakaria Mohammed Yaacoub.

- Un classement aux motivations politiques

Le Royaume-Uni avait inscrit les Brigades Al-Qassam, bras armé de Hamas, sur sa liste des groupes terroristes dès 2001.

En 2021, la ministre de l’Intérieur de l’époque, Priti Patel, avait décidé d’élargir cette désignation à l’ensemble du mouvement, arguant qu’il n’était plus possible de distinguer les ailes politique et militaire.

Conformément à l’article 4 de la loi britannique sur le terrorisme, tout groupe interdit a le droit de demander sa radiation de la liste.

Le dirigeant du bureau politique de Hamas, Moussa Abou Marzouk, a chargé les avocats britanniques de lancer cette procédure.

Le 9 avril dernier, Ansari, Groeters et Magnitz ont soumis une requête de 106 pages à la ministre de l’Intérieur Yvette Cooper, affirmant que la décision de Priti Patel était "guidée par des objectifs politiques".

Les avocats ont également précisé que ni le Hamas ni aucun tiers ne leur avait versé de rémunération pour leur travail, rappelant que recevoir de l’argent d’une organisation classée terroriste est contraire à la loi.

* Traduit de l'arabe par Sanaa Amir

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