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Akli Tadjer, ou un auteur franco-algérien face au racisme

L’écrivain Akli Tadjer veut « rappeler leur histoire » à des lycéens français qui ont refusé de lire des passages de son roman « Le porteur de cartable ».

Lassaad Ben Ahmed  | 18.10.2018 - Mıse À Jour : 18.10.2018
Akli Tadjer, ou un auteur franco-algérien face au racisme ( Ömer Aydın - Anadolu Ajansı )

France

AA / France / Fawzia Azzouz

Le Roman intitulé « Le porteur de cartable » et son auteur, Akli Tadjer, continuent d’alimenter les débats en France et ailleurs, suite au refus d’une poignée de lycéens de Picardie (nord) de lire, dans le cadre de leurs études en classe, des passages de son oeuvre.

La seule justification donnée par ces élèves se limite au fait que son auteur n’est pas français, ce qui a provoqué moult réactions, entre cri au racisme, indignation et refus de ce manque de discipline.

L’affaire s’est déclenchée au grand jour le 27 septembre dernier, lorsque l’écrivain Akli Tadjer a publié sur son compte Facebook un mail, qu’il a reçu d’une enseignante exerçant dans un lycée situé dans le nord de la France, précisément à Picardie.

L’enseignante explique qu’elle a tenté de faire lire à des élèves, quelques extraits d’un ouvrage publié en 2002, « Le porteur de cartable ».

Selon la professeure, « certains élèves » ont considéré que « l’auteur n’est pas français », argué que « l’histoire ne concerne pas la France » et qu’il s’y trouve « du vocabulaire en arabe ».

La professeure, considérant que sa démarche est purement pédagogique a exclu un élève pour avoir refusé de prononcer le prénom de « Messaoud », un des personnages de l’histoire.

Très vite, la polémique enfle et de nombreux médias font le relai de cette affaire.

Anadolu, est parvenue à contacter l’auteur du bouquin, dont la qualité des écrits a été plébiscitée à plusieurs reprises. Akli Tadjer est revenu sur les faits, livrant ses sentiments.

Cet auteur, maintes fois primé, est né à Paris en 1954.

Écrivain franco-algérien, il a écrit une quinzaine d’ouvrages à succès dont certains sont disponibles au-delà des frontières françaises, en Italie, en Allemagne ou encore en Suède.

Lauréat du prix « Nice baie des anges 2016 », du « prix populiste 2006 », ou encore du « Grand prix du Var » en 2000, son talent n’était plus à démontrer.

Pour lui, « la violence de cette histoire est révélatrice d’un climat ».

Il affirme n’avoir jamais voulu « aucun buzz » grâce à ce livre publié il y a 16 ans et pour lequel il a remporté le « prix Maghreb-Méditerranée-Afrique » en 2002.

« On parle toujours de la banlieue et des enfants de l’immigration lorsqu’il y a des dérapages, mais cette fois, ce sont des petites têtes blondes, qui sont dangereuses », explique l’écrivain.

Et pour cause, ce qui le dérange dans cette affaire c’est que « pendant des mois, on a montré du doigt des enfants de quartiers difficiles qui auraient refusé de respecter les minutes de silence après des attentats, et ici, on a des jeunes lycéens, insoupçonnables, et qui diffusent une idéologie pleine de préjugés ».

Le 16 novembre prochain, Akli Tadjer se rendra auprès de ces élèves de Haute-Somme (Nord) pour un échange organisé en collaboration avec leur enseignante.

Malgré la polémique et les comportements racistes de certains élèves, il n’a pas souhaité annuler la rencontre avec leur classe.

« Je veux aller les voir, je veux leur faire comprendre qu’il n’y a pas nous et les autres », explique-t-il avant de rappeler : « il faut qu’ils sachent qu’il y a des Mohamed et des Messaoud qui sont morts pour la France et que leur comportement inacceptable revient à cracher sur leur tombe ».

Il veut, dit-il, « leur rappeler leur histoire ».

Il concède malgré tout, « avoir été dépassé au début par l’ampleur » de l’écho médiatique mais « ne regrette pas finalement d’avoir diffusé l’histoire ».

Le quotidien régional « le courrier Picard » avait titré sa Une en indiquant « Akli Tadjer, écrivain indésirable ».

L’auteur s’inquiète, considérant que « ce type de titre on a vu ça dans les années 30 ».

« Je suis très content, parce que ça montre une autre image de la France et pour une fois, ce ne sont pas les mêmes qui seront montrés du doigt » dit-il.

Pour Tadjer, le discours du polémiste Eric Zemmour, qui considère que les prénoms à consonance étrangère « sont une insulte à la France », est à l’origine de la banalisation de la parole raciste.

« Il faut qu’on rappelle à ces jeunes, que le racisme n’est pas une opinion mais un délit », finit-il par trancher.

Concernant les suites de l’affaire, il indique toutefois que le lycée et le rectorat dont dépendent les élèves qu’il doit rencontrer, le « soutiennent depuis la parution médiatique ».

Affaire à rebondissement.

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