AA / Tunis / Majdi Ismail

La médiatrice de l’éducation nationale en France, Catherine Becchetti-Bizot, a alerté dans son rapport d’activité pour l’année 2023, sur la ‘’dégradation de la relation entre l’école et les familles’’ et ‘’l’agressivité montante’’ à l’endroit des personnels, selon la presse locale.

Le rapport annuel d’activité de la médiatrice de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur présente une anatomie des maux qui parcourent cette institution, à travers une analyse des saisines reçues par son réseau composé de 87 médiateurs.

Ce rapport baptisé ‘’Faire alliance, redonner confiance’’ et publié mercredi 17 juillet, indique que les services de la médiatrice ont enregistré 20 400 saisines en 2023, soit une hausse de 12 % en un an, 42 % depuis 2017.

Les recours émanant des enseignants sont en nette augmentation en 2023 (+ 18 %). Catherine Becchetti-Bizot fait état d’un ‘’sentiment d’essoufflement’’ chez les personnels de l’éducation, qui ‘’se traduit parfois par du désenchantement ou de l’amertume’’, après des années à ’’s’adapter aux crises diverses, aux réformes et aux transformations de leur environnement de travail’’, rapporte le quotidien Le Monde.

Selon le rapport, les demandes de médiation qui ont trait aux relations professionnelles ont augmenté de 78 % en cinq ans et représentent désormais 13 % des saisines effectuées par les personnels.

Le rapport de Catherine Becchetti-Bizot pointe, en outre, les conflits au sein des établissements qui font l’objet de nombreuses réclamations, aussi bien des personnels que des familles. Ils représentent désormais 40 % des saisines des élèves et de leurs parents et ont connu une ‘’très forte progression’’ en 2023 et ont doublé en cinq ans.

‘’Une culture du rapport de force, aux antipodes de l’alliance éducative nécessaire pour assurer l’accompagnement et la qualité du parcours des élèves, semble se développer’’, souligne Catherine Becchetti-Bizot.

La médiatrice de l’éducation nationale déplore en ce sens une ‘’crise de confiance’’ : ‘’Les familles se méfient des personnels de l’éducation.’’ La liberté pédagogique des enseignants est ainsi de moins en moins comprise, lesquels se sentent davantage contraints à justifier leur choix.

Elle évoque aussi le rôle particulier des « éducations à… » – la sexualité, la citoyenneté, aux médias…Ces enseignements transversaux pour lesquels la pression des parents sur les enseignants est plus palpable, sont ‘’à l’origine d’un sentiment croissant d’insécurité ou d’incompétence chez de nombreux professeurs.’’

Autre source de tension : l’évaluation et les résultats aux examens. Les réclamations des familles dans ce domaine sont en augmentation constante depuis cinq ans (+ 150 %).

Le contrôle continu et Parcoursup ont contribué à cette ‘’surenchère’’, rapporte Le Monde. ‘’Les familles se sont faites au contrôle continu et vivent mal des notes inférieures à la moyenne de l’année le jour de l’examen’’, fait observer Catherine Becchetti-Bizot.

Toutes ces sources de tension contribuent à une dégradation du climat scolaire, qui provoque une ‘’anxiété croissante’’ des enseignants face à ‘’la montée des comportements agressifs’’, qui se manifestent dès l’école primaire et se poursuit ensuite, indique le rapport.