Cameroun: Un Islam plus accessible, pour une jeunesse moins dogmatique
Les imams du complexe Rahma sensibilisent les enfants sur les principes de l’Islam afin de lutter contre l’intégrisme religieux.

AA/Yaoundé/Anne Mireille Nzouankeu
Au complexe islamique Rahma de Yaoundé, on n'est pas adepte de l'apprentissage par cœur, considéré comme contre-productif dans la lutte contre l'extrémisme. L'objectif est mis ici, au contraire, sur la simplification des préceptes islamiques, présentés en respectant une bonne pédagogie, à plusieurs dizaines d'enfants qui viennent fréquenter ce centre.
Durant ce mois de ramadan, qui coïncide avec les vacances scolaires, les enfants du quartier venus psalmodier le coran bénéficient également chaque jour, de cours sur l’unicité d’Allah et la jurisprudence islamique, selon les responsables du complexe.
L’objectif de ces cours est, avant tout, «d’éloigner les enfants de l’analphabétisme, de lutter contre l’intégrisme religieux, contre les mauvais courants qui viennent gâter la religion, de lutter contre ceux qui changent le Dieu de miséricorde en Dieu de châtiment », explique Ahmed Moussa, le secrétaire à la coordination générale du complexe Rahma, rencontré à Yaoundé par Anadolu.
«Toutes les sourates du Coran commencent par au nom de Dieu clément d’amour et de miséricorde. Donc, Dieu est un Dieu de bonté de clémence et de miséricorde. De plus, le nom de notre mosquée, Rahma signifie la miséricorde d’Allah et c’est ce que nous rappelons », ajoute Moussa.
Le jeune imam tient aussi à préciser que leur intention est d’offrir le savoir aux fidèles car tout savoir est utile au musulman.
«Ce qui a différencié Adam (psl), des anges c’est la connaissance. Toute connaissance est une richesse», dit-il. Quant au choix des enfants pour cette activité, l’imam Moussa explique que la mosquée est située dans un quartier de commerçants. « Les parents n’ont pas le temps d’étudier. La majorité des parents profitent du savoir de leurs enfants. Donc ils envoient les enfants étudier afin de venir leur transmettre ce savoir », ajoute l’imam.
Le mois de ramadan est également l’occasion pour les responsables de cette mosquée d’apprendre aux uns et aux autres « à bien prier.»
« La prière est le premier acte par lequel Allah va nous interroger. Si la prière est bonne toutes les œuvres seront bonnes. Tu auras beau jeuner, obéir à tes parents mais si la prière est mauvaise, tes actes ne passeront pas. La prière mène les actes vers notre seigneur », explique l’imam Moussa.
« Le mois de ramadan est également l’occasion de clarifier les choses », ajoute-t-il en référence aux attaques terroristes imputées dans la région du Lac Tchad (Nigeria, Niger, Cameroun, Tchad) au groupe armé nigérian Boko Haram.
« Pour nous, les membres de Boko Haram ne sont pas des musulmans. L’islam interdit strictement le meurtre. Le complexe Rahma est contre cet intégrisme », rassure Ahmed Moussa, également secrétaire à la coordination du complexe Rahma, créé il ya un an, qui verra bientôt la constitution d’une école et d’un hôpital, à côté de la mosquée.