Islamophobie : Des têtes de cochon déposées devant plusieurs mosquées en Île-de-France
– Plusieurs lieux de culte musulmans visés dans la nuit de lundi à mardi, une enquête a été ouverte pour provocation à la haine.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Des têtes de cochon ont été retrouvées dans la nuit de lundi à mardi devant plusieurs mosquées situées en région parisienne, suscitant une vive émotion au sein de la communauté musulmane et une réaction rapide des autorités.
Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a confirmé que les faits concernent plusieurs lieux de culte musulmans à Paris intra-muros, ainsi qu'à Montreuil (Seine-Saint-Denis), Montrouge et Malakoff (Hauts-de-Seine). Une enquête a été ouverte pour « provocation à la haine aggravée par la discrimination en raison de l’appartenance à une race ou religion », et confiée à la brigade criminelle de la préfecture de police.
Dans au moins un des cas, le mot « Macron » était inscrit à l’encre bleue sur la tête d’un porc, selon une source policière citée par BFMTV.
« C’est le choc et l’écœurement », a réagi Najet Benali, rectrice de la mosquée Javel à Paris, interrogée par la chaîne d’information en continu. Elle a exprimé sa profonde inquiétude quant à la répétition d’actes visant à intimider ou stigmatiser les fidèles. Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, a lui aussi dénoncé « une nouvelle et triste étape dans la montée de la haine antimusulmane » et a appelé à une prise de conscience collective.
« C’est absolument inadmissible… j’espère qu’on retrouvera celles et ceux qui ont pu commettre cette sorte de profanation », a déclaré le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qualifiant ces actes de « lâcheté insondable ». Il a exprimé son soutien aux responsables et aux fidèles des mosquées visées.
Alors que l’enquête se poursuit, les responsables religieux et politiques appellent à l’unité nationale et à un renforcement de la protection des lieux de culte.
Dans un contexte où les actes islamophobes connaissent une flambée préoccupante, les chiffres récents de sources officielles et d’associations témoignent d’une réalité alarmante. Le ministère de l’Intérieur rapporte une hausse de 75 % des actes antimusulmans entre janvier et mai 2025 (145 cas contre 83 sur la même période en 2024), avec un triplement des atteintes aux personnes (99 faits enregistrés contre 32).
Ces données trouvent un écho dans les chiffres du Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE), qui a recensé 1 037 faits islamophobes en 2024, contre 828 en 2023, soit une augmentation de 25 %. Ces faits incluent principalement des discriminations (59 %), des propos haineux (17 %), des diffamations (11 %), des injures (7 %) et des violences physiques (6 %).
Cette montée des actes antimusulmans s’inscrit dans une évolution lourde de sens, où les communautés ciblées réclament plus qu’une vigilance renforcée : elles exigent une réponse publique, une protection réelle des lieux de culte et une prise de conscience collective face à la banalisation de la haine.