Afrique

Rwanda : Sophie, la dernière artiste qui fait parler l’Inanga

L’Inanga est un instrument de musique primitif apparenté à une grande cithare sur cuvette en forme de bouclier issue de la tradition rwandaise.

Mohamed Hedi Abidellaoui  | 05.01.2017 - Mıse À Jour : 06.01.2017
Rwanda : Sophie, la dernière artiste qui fait parler l’Inanga

Kigali


AA/ Kigali/ Jean Baptiste Nyabyenda

L’enfant prodige d'autrefois et la star de l’univers artistique et mélomane rwandais c’est elle : Sophie Nzayisenga. Celle qui fait parler l’ «Inanga », instrument de la musique traditionnelle rwandaise habituellement jouée par les hommes.

L’inanga est un instrument de musique primitif apparenté à une grande cithare sur cuvette en forme de bouclier issue de la tradition rwandaise et rencontré au Burundi et au Congo.

Le mérite de Sophie est toutefois d’être l’unique femme au Rwanda et en Afrique de l’Est qui joue de cet instrument depuis son enfance, totalisant jusque-là 30 ans dans le métier. Son père musicien, Thomas Kirusu, lui a transmis les premières règles et prouesses.

«Mon père était un musicien intelligent et célèbre, il a composé plusieurs morceaux et des mélodies fameuses. Mon grand-père maniait merveilleusement l’Inanga aussi», raconte-t-elle au correspondant d’Anadolu.

Sophie joue de l’Inanga depuis 1986. Elle avait juste six ans au premier contact avec cet instrument. Mais son père a bien pris soin de lui inculquer cet art avec amour et patience. En 2010, il décède confiant à sa fille la tâche de poursuivre son parcours et de maintenir vivant cet héritage artistique traditionnel.

Une mission et une passion auxquelles l'artiste n’a jamais renoncé : «Quand j'avais huit ans, mon père composait de nouvelles musiques pour moi, à 15 ans, j’ai commencé mes premiers pas dans la composition. Ce que je suis aujourd’hui, je le dois avant tout à mon père, puis, à ma persévérance », se réjouit-elle.

La star rwandaise de 38 ans a à son actif 2 albums et 140 chansons qui ont considérablement enrichi le répertoire musical traditionnel. Mais, afin de perpétuer la tradition et un savoir-faire hérité de génération en génération, elle prépare son fils à prendre la relève.

Où que son voyage l’eût amenée, elle faisait parler l’Inanga. Sa participation au festival des enfants du monde en Bulgarie en 1992, constitue toujours une « grande fierté ». « Je me souviens encore de la transe qui avait régné le temps d’un concert de quatre heures », jubile-t-elle.

La mère de 4 enfants a parcouru le monde grâce à son fameux Inanga. En 2015, elle était en tournée aux Etats-Unis, où elle a joué dans 24 villes et et 80 universités. « Les gens ont aimé mes chansons, mon instrument et ma langue », se félicite-t-elle.

A ses débuts, Sophie chantait pour les enfants et le monde paysan, aujourd’hui elle chante l’amour, la réconciliation et la paix. En juillet 2016, elle a animé un concert lors du Sommet de l’Union africaine (UA) devant les chefs d’Etat présents.

Appréciant sa contribution à la promotion de la langue nationale « Kinyarwanda » et la culture rwandaise en pratiquant l’Inanga, le directeur de l’Académie rwandaise de la langue et de la culture, Jacques Nzabonimpa s'exprime ainsi : «Nzayisenga Sophie représente notre culture en chantant dans notre langue maternelle avec l’Inanga. Nous sommes très reconnaissants, fiers d’elle et de sa musique. Elle a fait beaucoup plus que les hommes ».

Pour Sophie, l’émancipation de la femme rwandaise peut, au demeurant, avoir pour socle l’univers artistique. « J’ai commencé à enseigner aux jeunes filles la pratique de l’Inanga, j’ai déjà trois étudiantes qui sont vraiment intéressées et je suis sûre que d’ici peu, je ne serai plus la seule femme à jouer de cet instrument », assure-t-elle.


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