AA / Kinshasa / Pascal Mulegwa

Les résultats des législatives et de la présidentielle prévues le 23 décembre en République démocratique du Congo (RDC) seront "très contestés", selon un sondage publié mardi.

Le sondage, conjointement réalisé par le Bureau d’études, de recherches, et de consulting international (Berci-congolais) et le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) à l’Université de New York, révèle que "62 % des personnes interrogées ne font pas confiance à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) pour organiser des élections libres et transparentes".

"Par ailleurs 62 % des personnes sondées disent ne pas faire confiance aux Cours et aux tribunaux pour trancher les contentieux électoraux", souligne le communiqué résumant les résultats du sondage.

Presque la moitié des personnes interrogées ( 45 %) ont déclaré que si le candidat du président Kabila gagne la présidentielle, "elles n’en accepteront pas les résultats".

Aussi, la moitié des sondés se sont dits "prêts" à participer à une manifestation si les élections sont "truquées ou retardées".

Ces sondages ont été réalisés via des entretiens téléphoniques avec 1154 personnes âgées de 18 ans et plus dans les 26 provinces du pays et sélectionnées à partir d’une liste de 2000 numéros de téléphone cellulaire obtenus depuis 2016 par les deux bureaux.

Cette année les scrutins (législatif, présidentiel et provincial) se tiendront en une seule journée, le 23 décembre, avec des machines tactiles devant servir d'outils de sélection, de compilation et d'impression des bulletins de vote, après le choix du candidat.

L'usage de ces dispositifs informatiques, dits "machines à voter", est contesté par l'opposition et une partie de la société civile.

Plusieurs pays occidentaux, comme les États-Unis, ont déjà prévenu du risque de contestation.

- Katumbi , Tshisekedi et Bemba, les favoris de l'opposition

Dans la course à la présidence, l’opposition est "encore et toujours beaucoup plus populaire que la coalition au pouvoir", notent les sondeurs.

Cependant, Felix Tshisekedi, Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi sont presque à égalité en termes d'intentions de vote.

Cependant, l'opposition pourrait encore perdre le scrutin présidentiel si ses leaders ne s'unissent pas pour présenter une candidature unique, préviennent-ils.

Les personnes interrogées favoriseraient Moïse Katumbi (28 %), Felix Tshisekedi (26 %), et Bemba (20%) pour représenter l'opposition le 23 décembre.

- Les candidatures de Bemba et Moïse Katumbi controversées.

Acquitté des crimes de guerre et crimes contre l'humanité en juin dernier par la Cour pénale internationale (CPI) après 10 ans de détention, Jean Pierre Bemba est poursuivi dans une affaire secondaire de subornation des témoins devant la Cour.

Une condamnation dans cette affaire lui vaudrait l'inéligibilité, a affirmé vendredi dernier la majorité présidentielle congolaise.

Bemba, finaliste lors de la présidentielle de 2006 rentre mercredi dans la capitale Kinshasa.

Katumbi est, quant à lui, déjà condamné à trois ans de prison pour "spoliation immobilière" dans son fief Lubumbashi (sud-est de la RDC) et est poursuivi devant la Cour de cassation pour recrutement présumé de mercenaires étrangers.

Accusé par le pouvoir de détenir une nationalité italienne, sa candidature est la plus controversée.

Ce dernier, en exil depuis deux ans, a annoncé mardi qu'il allait rentrer vendredi au pays par la ville de Lubumbashi.