RDC : le M23 tue, torture et retient des civils en otage, selon une enquête d'Amnesty
- Réalisée sur la base de témoignages d'anciens détenus, recueillis entre février et avril 2025

Tunisia
AA / Tunis / Salim Boussaïd
L'organisation de défense des droits humains Amnesty International a accusé le mouvement rebelle du M23 de graves violations et crimes, commis dans l'est de la République démocratique du Congo, suite à son offensive dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, dans l'est du pays.
Amnesty International a révélé ces violations dans un nouveau rapport, en date du 27 mai courant, sur la base de témoignages d'anciens détenus qui s'étaient fait prisonniers après la chute de Goma et Bukavu, fin janvier dernier. Lesdits témoignages ont été recueillis de février à avril 2025.
"Le Mouvement du 23 mars (M23), soutenu par le Rwanda, tue, torture et fait disparaître de force des détenus, en prend certains en otage et les soumet à des conditions inhumaines dans des lieux de détention à Goma et Bukavu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC)", peut-on lire dans le rapport.
"Ces actes violent le droit international humanitaire et sont susceptibles de constituer des crimes de guerre", a prévenu Amnesty international.
"Les déclarations publiques du M23 concernant le rétablissement de l’ordre dans l’est de la RDC masquent la façon ignoble dont il traite les détenus", a déclaré Tigere Chagutah, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, dans le rapport.
"Il punit avec brutalité ceux qu’il considère comme des opposants et intimide les autres, de sorte que personne n’ose le contester", a-t-il poursuivi.
Amnesty International a demandé la libération immédiate des civils "maintenus en détention arbitraire, y compris ceux qui sont victimes de disparitions forcées", appelant la communauté internationale à exercer des pressions sur le Rwanda afin qu'il cesse de soutenir le mouvement rebelle.
"Les acteurs régionaux et internationaux doivent faire pression sur le Rwanda pour qu’il cesse de soutenir le M23", a plaidé Tigere Chagutah.
Le Rwanda et le M23 n'ont pas réagi dans l'immédiat à ces accusations.
Il est à rappeler, toutefois, que le Rwanda avait systématiquement rejeté les accusations concernant le soutien au M23.
Le Mouvement du 23 Mars (M23) a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (Fardc), appuyées par les Casques bleus de la Monusco.
Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, dont les villes de Goma et Bukavu.
Plusieurs médiations ont été initiées par les communautés régionales ainsi que par le Qatar et les Etats-Unis afin de mettre fin au conflit et soulager les populations civiles. Jusqu'à présent aucune médiation n'a réussi à restaurer la paix dans la région.
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