RDC : L’Assemblée nationale adopte la loi électorale sans l'opposition
- Un seuil minimum de 1% des suffrages valablement exprimés est nécessaire pour entrer dans la compilation et l'attribution des sièges

Congo, The Democratic Republic of the
AA/Kinshasa/Pascal Mulegwa
La chambre basse de la République démocratique du Congo a adopté, lundi soir, le nouveau projet de la loi électorale malgré son rejet par l’opposition, qui a boycotté la plénière, a constaté le correspondant d’Anadolu.
Sur les 500 députés composant l’assemblée nationale, seuls 287 députés ont participé au vote. 284 ont validé le projet, alors qu’un seul député s'est opposé et deux autres se sont abstenus, a indiqué lors de la plénière, le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku.
Le projet de loi est, ainsi, envoyé au Sénat pour une deuxième lecture. Sa promulgation par le président Joseph Kabila devrait avoir lieu au plus tard le 15 décembre, selon le calendrier électoral établi par la commission électorale nationale indépendante (Ceni).
Pour les élections législatives, "un seuil de représentativité de 1 % du nombre total de suffrages valablement exprimés est déterminé au niveau national […] seules les listes des partis et regroupements politiques ou des indépendants ayant atteint ou dépassé ce seuil de 1 % sont admises à l’attribution des sièges", souligne une disposition de l’article 118 de ce nouveau texte.
Autrement dit, le texte vise à "décourager les candidatures fantaisistes" et favoriser "des regroupements des partis politiques", avait déclaré la semaine dernière à l’assemblée nationale ; le ministre de l'Intérieur Ramazani Shadary, chiffrant à 703 le nombre de partis politiques en RDC.
Dans un enregistrement sonore d’une réunion stratégique de la majorité présidentielle et révélé par le magazine français Jeune Afrique en novembre, Aubin Minaku indiquait que les multiples partis avaient été créés par "stratégie électorale" comme des "partis-tiroirs, sans militants et sans drapeau".
Cette loi permettrait, ainsi, au camp présidentiel d’être "beaucoup plus à l'aise", selon Henry Mova Sakanyi, secrétaire général du PPRD (le parti présidentiel), évoquant "le gâteau qui n'a pas grossi".
"Cette loi est suicidaire. Nous appelons à la coalition de toutes les forces de l'opposition et à une mobilisation comme celle de janvier 2015, afin d’arrêter cette aventure", a réagi auprès d’Anadolu le député d’opposition et secrétaire général de l’union pour la nation congolaise (UNC) Jean-Baudouin Mayo.
"Cette loi est une escroquerie qui nous prépare à des fraudes massives", a ajouté Mayo, évoquant des "pièges" dont la "machine à voter" lors des scrutins et la caution (doublée), à payer pour les candidatures.
En janvier 2015, l’examen et le vote au Sénat d’une loi électorale conditionnant les élections législatives et présidentielle aux résultats du recensement général des populations, avait été suspendue, après des violentes manifestations de l’opposition dans la capitale Kinshasa et dans plusieurs autres villes du pays.
Au moins 42 personnes avaient été tuées à Kinshasa, selon les ONG. Le gouvernement qui avait ordonné la coupure d’internet et des SMS, faisait état d'un bilan de 15 morts, pour la plupart des "pillards" abattus par des "vigiles privés".
Ce projet était susceptible d'entraîner un report des scrutins censés avoir lieu en novembre 2016 et le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila, à la tête de la RDC depuis 2001, au-delà du terme de son mandat réglementaire.