RDC : Félix Tshisekedi dresse un tableau sombre des 60 ans d’indépendance
- Il s'oppose à toute réforme tendant à soumettre la justice.

Congo, The Democratic Republic of the
« Nous avons régressé », a déclaré le président congolais Felix Tshisekedi, dans la soirée de lundi, dressant un bilan très sombre de la République démocratique du Congo (RDC), à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance, acquise le 30 juin 1960, après un demi siècle de colonisation belge.
« Aujourd’hui, 60 années plus tard, le devenir de la Nation est toujours entre les mains d’une classe politique, toutes tendances confondues, qui demeure versatile, et qui peine à arracher la Nation du cercle vicieux de l’instabilité et de la pauvreté », a déclaré le président dans son message à l’occasion de cette commémoration.
En soixante années, a-t-il indiqué, « nous avons progressivement laissé notre classe politique se transformer en une sorte de mafia, et nous en avons fait le principal modèle de réussite pour cette jeunesse ».
« Jugez vous-même de notre héritage commun », a poursuivi le président congolais, « 60 ans après, alors que le revenu moyen par habitant était de 1000 dollars en 1960, il est estimé à 400 dollars aujourd’hui. Autrement dit, le Congolais moyen a perdu 60 % de sa richesse au cours des 60 dernières années. Notre réseau routier ne représente plus que 10 % de ce qu’il était en 1960 et le réseau ferroviaire que 20 % ».
Dans son message de 25 pages, au ton ferme et offensif, Tshisekedi qui est le cinquième président de la RDC, a noté des avancées enregistrées sous son règne (depuis janvier 2019) « au prix de sacrifices extrêmes ».
« Elles ne peuvent être annihilées par des manœuvres d’arrière-garde, qui s’observent chez certains, de vouloir légiférer pour déposséder le Conseil supérieur de la magistrature du pouvoir judiciaire qu’il détient pourtant par la Constitution », a affirmé Felix Tshisekedi.
Il s’est farouchement opposé aux trois propositions de loi portées par le camp de son prédécesseur, Joseph Kabila –majoritaire dans les deux chambres du parlement-, réclamant la mise des procureurs sous la l’autorité du ministre de la Justice, pro-Kabila.
Tshisekedi a martèlé qu’il n'accepterait « sous aucun prétexte des réformes dans ce secteur qui, par leur nature et contenu, viendraient porter atteinte à des principes fondamentaux régissant la justice, tels que prévus dans notre constitution ».
Le message de Tshisekedi a été fait dans un contexte d’une levée des boucliers contre trois propositions de lois initiées par les députés Aubin Minaku et Gary Sakata du Front commun pour le Congo (FCC), la coalition de Kabila. Elles renforcent le pouvoir du ministre de la Justice, en lui permettant de sanctionner « les magistrats coupables » et nommer les intérimaires.
L’examen de ces propositions à l'Assemblée nationale a généré des protestations massives au sein de la magistrature, de la classe politique et de la société civile.