Afrique

RDC: A Kinshasa la pluie est malvenue

Souvent accompagnée d'importants dégâts matériels et humains, la pluie fait peur aux Kinois qui disent préférer la chaleur tropicale aux dégâts des inondations.

Nadia Chahed  | 23.02.2017 - Mıse À Jour : 25.02.2017
RDC: A Kinshasa la pluie est malvenue

Kinshasa


AA/Kinshasa/Pascal Mulegwa

A Kinshasa, la capitale congolaise la pluie est malvenue, mégapole de quelques 12 millions d'habitants, dotée d'une pauvre infrastructure et de constructions anarchiques, elle est en effet particulièrement vulnérable face aux intempéries.

Les dernières pluies en date, survenues le 7 février, ont causé d'importants dégâts aussi bien matériels qu'humains avec un bilan officiel de 4 morts et de deux portés disparus.

Désormais les habitants de cette ville considèrent la pluie comme leur premier ennemi. Les plus prévoyants ont d'ores et déjà engagé des travaux pour renforcer leurs habitations afin de mieux se prémunir contre les pluies ( la période des pluies s'étalant d'octobre à mai).

Aimé Mongu, un habitant de la capitale, a perdu sa mère dans les dernières inondations et son fils est, à ce jour, introuvable. Secoué par ce malheur il a décidé de ne plus se laisser faire. Il a engagé des travaux dans sa maison qu'il supervise lui même.

« Je me protège contre ce monstre » dit-il à Anadolu. « Nous n’en avons pas besoin, il vaut mieux mourir sous le soleil accablant que périr sous les décombres d’une maison », affirme-t-il.

Un avis qu'il partage avec beaucoup d'autres Kinois, malgré l'utilité de la pluie dans une région au climat tropical sec caractérisé par de hautes températures variant ordinairement entre 24 et 31 degrés Celsius.

Contrairement à d'autres contrées où elle est bien accueillie, la pluie est à Kinshasa synonyme de malheur. Fin 2015, la ville avait connu le pire, une trentaine de personnes étaient mortes dans une succession de pluies diluviennes et d’inondations.

Début février, une petite précipitation qui a duré quelques heures a fait 4 morts et deux disparus et causé de lourds dégâts matériels.

Avant d'arriver au décompte macabre, le scénario est le même : « Des pluies s’abattent sur la ville généralement durant la nuit, dès les premières minutes les déchets glissent vers les canalisations et les bouchent, les rivières sortent de leurs lits, provoquant des inondations et la destruction des constructions anarchiques ", raconte à Anadolu Félix Ngandu, responsable d'Action citoyenne pour la propriété de Kinshasa (ACPK), une association locale.

Outre les dégâts matériels et humains, la pluie s'accompagne toujours d'un blocage total de la capitale, déplore encore Félix ,évoquant des "matinées gâchées par les eaux de pluie" et une "paralysie de toutes les activités socio économiques".

Selon lui, les déchets en plastique sont les vrais coupables des inondations meurtrières à Kinshasa.

"Bouteilles, sachets et autres ordures envahissent les rues de Kinshasa, ainsi que les rivières, empêchant l'absorption des eaux par le sol", explique-t-il.

Au lendemain des inondations de février, le gouvernement a opté en urgence pour le curage des rivières mais cela ne suffira pas « tant que les populations n’auront pas une conscience droite, nous aurons difficile à remédier à ce phénomène issu d’une bénédiction rendue malédiction » reconnait Thérèse Olenga Kalonda , ministre provinciale de l’Environnement et porte-parole du gouvernement provincial de Kinshasa dans une déclaration à Anadolu.

Les autorités jettent, en effet, la responsabilité sur la population, responsable, selon elles, de la pollution alarmante à Kinshasa. " les gens qui jettent des objets en plastique dans les rivières, et il faut une conscientisation de ce coté sinon on ne cessera pas de compter des morts et des disparus", a souligné Thérèse Olenga Kalonda.

Plusieurs ONG s'activent déjà dans ce sens, oeuvrant pour l’interdiction d’utilisation des emballages plastiques. Une pétition a été lancée début février pour pousser le gouvernement à interdire la production et l’utilisation de sachets en plastique.


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