AA/Bangui/Sylvestre Krock

Le gouvernement centrafricain et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca), ont mis en garde, contre toute instrumentalisation de l’opération "Sukula", lancée conjointement par la Minusca et les Forces de sécurité intérieures centrafricaines au KM-5, quartier à majorité musulmane situé à Bangui, capitale de la Centrafrique.

Cette déclaration a été faite mercredi soir lors d'une conférence de presse conjointe du ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement centrafricain, Ange Maxime Kazagui et du porte-parole de la Minusca, Vladimir Monteiro, indique la mission onusienne dans un communiqué.

Les deux intervenants ont rappelé, à l'occasion, que l’opération ne vise pas la communauté musulmane du PK5 mais les groupes armés criminels de ce quartier, rapporte le même communiqué.

Précisant que l’opération a été lancée à la demande des habitants de ce quartier, qui sont opprimés par des brigands, le porte-parole du gouvernement centrafricain a souligné "ce n’est pas une opération qui vise les membres de la communauté musulmane, il ne faut pas faire de l’amalgame".

Et de poursuivre que " cette opération ira jusqu’au bout, car son objectif était d’arriver au bout des bandes armées criminelles. Cela prendra du temps, mais cela devra se faire et nous travaillons avec nos partenaires de la MINUSCA pour y arriver ".

Condamnant la manipulation et la désinformation sur l’objectif de cette opération ainsi que son instrumentalisation par les groupes armés, le porte-parole de la Minusca, Vladimir Monteiro, a déclaré que "Tous ceux qui tentent de faire de la lutte contre la criminalité au KM5, une attaque contre une communauté, ont des desseins inavoués de déstabilisation et s’accrocheraient à tout prétexte même fallacieux, pour justifier leur projet de déstabilisation. Qu’ils aient le courage d’avouer à la nation toute entière qu’ils sont les sponsors des organisations criminelles du KM5".

Il a, par ailleurs déclaré que les autorités nationales, "poursuivent un dialogue constructif avec les citoyens du KM5 désireux de prévenir l’exacerbation de la violence armée dans leur quartier et dans la ville de Bangui", rappelant que lors de leur visite en RCA la semaine dernière, le Secrétaire général adjoint pour les opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, et le Commissaire paix et sécurité de l’Union africaine, Smaïl Chergui, ont rencontré ces mêmes acteurs du PK-5.

Monteiro a, en outre, annoncé l’ouverture d’une enquête interne sur les événements du 8-11 avril 2018, conduite par la police miliaire, avec l’appui de la police criminelle de la Minusca.

La dernière opération conjointe Minusca-Forces centrafricaines, menée le 10 avril dernier contre les groupes armés dans le Km5, s'est soldé par la mort d'une vingtaine de personnes selon des sources locales.

Ce bilan n'a toutefois confirmé ni par le gouvernement centrafricain ni par la Minusca.