Mali/ procès du général putschiste Amadou Sanogo: Passe d'armes entre le Parquet et la défense
Le Général Sanogo et ses 16 co-accusés sont jugés pour «enlèvement et assassinat, complicité d’enlèvement et d’assassinat» de bérets rouges (soldats parachutistes) lors du coup d’Etat de mars 2012.

Bamako
AA/ Bamako/ Moussa Bolly
Suspendu lundi dernier pour permettre au parquet d'amener la vingtaine de témoins cités dans cette affaire dite des «Bérets rouges» (bataillon des commandos parachutistes), le procès du Général putschiste Amadou Haya Sanogo et ses co-accusés a repris mercredi matin.
Une reprise tendue, dans la mesure où la défense ne voulait pas se contenter de la présence d’une dizaine de témoins sur les 23 cités, a rapporté un correspondant d’Anadolu.
La défense de Haya Sanogo a donc exigé le renvoi du dossier à une autre session de la cour d’assises ainsi que la mise en liberté provisoire des accusés, notamment le général putschiste. Justifiant leur requête, les avocats de Sanogo ont évoqué l'article 311 du Code de Procédure pénale pour justifier sa requête.
Ledit article dispose que «lorsqu'un témoin cité ne comparaît pas, la Cour peut, sur réquisition du ministère public, ordonner que ce témoin soit immédiatement amené par la force publique devant elle pour y être entendu, ou renvoyer l'affaire à la prochaine session».
«Cet article dit peut et non doit», indiquent la partie civile et le parquet. Pour eux, c'est «une faculté» et non pas «une condition» obligatoire. Par conséquent, le renvoi n'a pas son sens et le procès doit suivre son cours normal.
Après une courte suspension, la Cour a rejeté la demande de renvoi et de liberté provisoire de la défense. Et l'audience a repris son cours aux environs de 11h GMT. Certains observateurs se sont demandés : "quelle autre carte sortira la défense pour obtenir le report de ce procès ?".
«Même s’il faut déplorer certains errements du parquet, notamment au niveau de la convocation des témoins, la défense ne s’est visiblement pas préparée à ce procès. Elle va donc utiliser tous les arguments pour obtenir le report», craint un consultant juridique qui a requis l’anonymat.
Le Général Sanogo et ses 16 co-accusés sont jugés pour «enlèvement et assassinat, complicité d’enlèvement et d’assassinat» de bérets rouges (soldats parachutistes) dont les corps ont été retrouvés en 2013 dans un charnier à Diago, une localité située à une dizaine de kilomètres de Kati (sur les hauteurs de Bamako) où la junte avait établi son Quartier général après le coup d’Etat du 22 mars 2012.
Le général putschiste encourt la peine de mort en vertu de la loi malienne. Le procès s’est ouvert le 30 novembre dernier à Sikasso (380 km au Sud de Bamako). Mais, l’audience a été suspendue trois fois.