Afrique

Les habitants de Ouagadougou "heureux" de la distribution alternée de l’eau

Pour faire face à la pénurie d'eau qui secoue la capitale depuis des semaines, le gouvernement burkinabé a décidé de procéder à une distribution alternée de l'eau par tranche de 12 heures

Esma Ben Said  | 04.05.2016 - Mıse À Jour : 05.05.2016
Les habitants de Ouagadougou "heureux" de la distribution alternée de l’eau

Burkina Faso

AA/Ouagadougou/ Lougri Dimtalba

La mise en place de la distribution alternée de l'eau potable mardi à Ouagadougou, a été accueillie avec "soulagement" par la population qui souffre d'une grave pénurie d'eau depuis des semaines, selon des propos recueillis par Anadolu.

Afin de faire face au déficit d'approvisionnement estimé à 70 mille m3 d'eau et à des coupures d'eau allant jusqu'à 72 heures, dans la capitale burkinabé qui abrite 2 millions d'habitants, le ministre en charge de l’Eau, M. Niouga Ambroise Ouédraogo avait annoncé, samedi dernier, face à la presse, que le gouvernement a décidé de procéder à une distribution alternée de l'eau par tranche de 12 heures dès ce mardi.

Chaque habitant de Ouagadougou a désormais accès à l'eau potable durant 12 heures en continu, pour en manquer pendant 12 autres heures.

Concrètement, a précisé à Anadolu le directeur général de l’office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) Hamado Ouedraogo, "il s’agit de diviser la ville en plusieurs compartiments de distribution d’eau".

"Tous les quartiers mêmes les plus huppés de la capitale sont concernés", a-t-il ajouté. Autrement dit, tous, connaîtront ces coupures, même ceux qui n'étaient pas, jusque là, concernés.

La population de la capitale burkinabé a accueilli cette décision gouvernementale avec "soulagement" et "joie".

«Dans mon quartier –Djikofè- (est de Ouagadougou), il nous arrive de passer trois jours sans eau. Cette nouvelle distribution va nous changer la vie !" commente Arnaud Compaoré, mécanicien de 29 ans, rencontré par Anadolu.

Assis devant une borne fontaine, Jean Sawadogo, 27 ans, est vendeur d’eau dans le quartier Cissin (Sud) et témoigne du "calvaire" que ces clients "rencontrent au quotidien."

"Les femmes se lèvent très tôt pour venir chercher l’’eau et parfois même, elles dorment ici et se disputent dès le réveil. Mais le pire, c'est quand je tourne le robinet et qu'il n'y a rien qui en sort", dit-il, ajoutant, que "plusieurs quartiers sont dans cette situation".

"Alors si à présent donner de l'eau à tour de rôle peut résoudre le problème, nous sommes très heureux", conclut-il.

Soumaila Koné, rencontré devant une autre borne fontaine par Anadolu, salue également cette nouvelle mesure car "les consommateurs sont désormais avertis et pourront faire des réserves". La semaine dernière ce chef de famille de 4 enfants dit avoir passé deux jours sans eau potable. "Nous n'étions pas informé de la coupure. Nous avons véritablement souffert durant cette période", soupire-t-il.

Depuis 2013, le Burkina Faso fait face à des pénuries d'eau répétées que l'office national de l’eau et de l’assainissement (la société chargée de traiter et distribuer l’eau potable), qui ne dispose que d'une vingtaine de réservoir dans la capitale, explique par un déficit de production.

Le déficit en eau s'est par la suite accru, passant de 28.000 m3 en 2013 à 70.000 m3, aujourd'hui, notamment en raison de très fortes chaleurs enregistrées et de la démographie galopante, selon les spécialistes.

Les besoins journaliers de la ville de Ouagadougou en eau potable sont, quant à eux, de 183 000 m3/jour contre une production de 136 000 m3/jour, soit un déficit de 47 000 m3/jour, avait indiqué le ministère en charge de l’Eau.

Début février, le gouvernement burkinabè qui a promis "zéro corvée d’eau" avait adopté un rapport relatif à la situation des programmes de réalisation d’ouvrages d’Approvisionnement en eau potable (AEP) et d’assainissement des eaux usées en 2016.

Il avait, en outre, instruit les ministres en charge du dossier de prendre des dispositions nécessaires pour la mise en place du programme d’urgence 2016-2017, en vue de résorber le déficit des ressources en eau disponibles et d’améliorer significativement l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Outre la distribution alternée de l'eau, l'ONEA prévoit donc de réhabiliter "en urgence" des forages publics dans la capitale, informe Hamado Ouedraogo.

Le directeur général ajoute que les travaux d’extension du barrage de Ziga, principale source d'approvisionnement de la capitale en eau potable située à une trentaine de kilomètres au nord, seront également accélérés en vue d'une augmentation des capacités de production d'ici juillet 2017.

D'une capacité de 200.000.000 m3, le barrage de Ziga fournit actuellement 108.000 m3/jour d’eau potable à la ville de Ouagadougou,pour des besoins estimés à 183 000 m3/jour.


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