Le Gabon et la France clôturent une table ronde sur la protection des forêts du bassin du Congo
- À Libreville, le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema et le président français Emmanuel Macron ont mis en avant la préservation durable des forêts du bassin du Congo
Istanbul
AA / Istanbul / Seyma Erkul Dayanc
La table ronde consacrée aux initiatives de protection des forêts du bassin du Congo s’est clôturée lundi à Libreville, en présence du président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema et du président français Emmanuel Macron.
« Avant tout propos, je tiens à saluer chaleureusement les responsables des panneaux et les experts de nos deux pays qui se sont mobilisés pour la réussite de cet événement », a déclaré Brice Clotaire Oligui Nguema en ouverture de son intervention. Le chef de l’État gabonais a rappelé que « depuis plus de 50 ans, le Gabon assume seul et sans contrepartie financière le coût de la préservation de sa forêt », ajoutant que « cette situation n'est plus acceptable ».
Le président gabonais a remercié son homologue français pour « son implication personnelle et déterminante dans l’adoption de l’appel de Belem pour la forêt du bassin du Congo lors de la COP 30 », saluant « la collaboration fructueuse entre nos deux États durant la co-félicitation du partenariat pour les forêts du bassin du Congo ».
Il a souligné que la préservation environnementale devait désormais s’appuyer sur « une vraie logique économique, source de création de valeurs, au bénéfice de ceux-là même qui assurent la conservation de ce capital naturel ». Pour lui, la protection de la nature doit être conjuguée avec « la valorisation et la monétisation durable entre impact environnemental et impact économique ». Le président a appelé à construire « une économie inclusive basée sur le capital naturel », annonçant un « programme conjoint de formation d’une génération verte » visant à créer, d’ici cinq ans, plus de 250 experts dans les domaines de l’économie verte, des sciences environnementales, du droit de l’environnement et du développement durable.
Brice Clotaire Oligui Nguema a également mis en avant « la lutte contre la criminalité environnementale », « l’invitation adressée aux entreprises françaises à privilégier l’acquisition des crédits carbonés », ainsi que « le lancement du Country Package, une plateforme destinée à coordonner les financements climatiques et forestiers autour d'une stratégie commune ». Il a appelé à « moins de discours, mais plus d’action », ainsi qu’à « plus de coopération active avec à la clé des emplois nouveaux, des revenus additionnels pour les jeunes, les femmes et les communautés rurales ».
Prenant la parole à son tour, Emmanuel Macron a affirmé être « très heureux de revenir un peu plus de deux ans plus tard au Gabon pour parler de forêt », rappelant que le One Forest Summit lancé au printemps 2023 avait « abouti à l’appel de Belem ». Le président français a insisté sur les enjeux climatiques et environnementaux, soulignant que « les forêts primaires représentent 14 % du carbone irrécupérable » et que « chaque fois qu'on fait de la déforestation sur une forêt primaire, on détruit de manière irréversible de la biodiversité et on libère de manière gravissime du carbone irrécupérable ».
Macron a salué « le caractère unique du Gabon », indiquant que « depuis le début des années 90, votre pays est le seul à n'avoir quasiment jamais déforesté », tout en reconnaissant « une forme d’injustice » face au manque de retombées économiques. Il a appelé à « accompagner comme il se doit des pays qui ont réussi à faire quelque chose d'unique ».
Le chef de l’État français a confirmé l'engagement de 2,5 milliards de dollars sur cinq ans pour la protection du bassin du Congo, issu d’une « mobilisation commune des partenaires internationaux et des pays d’Afrique centrale ». Il a détaillé les axes de mise en œuvre du Country Package, notamment « l’enjeu scientifique avec le One Forest Vision », « la formation d’au moins 250 experts », « l’Académie de protection de l’environnement et des ressources naturelles au camp de Gaulle à Libreville », ainsi que « l’accroissement des coopérations opérationnelles pour lutter contre les opérations illégales de déforestation et d’orpaillage ».
Emmanuel Macron a également soutenu le développement d’« une industrie du bois tropical éthique, légale, respectueuse de la ressource forestière », et a plaidé pour des mécanismes de financement innovants, citant « la finalisation d’un crédit biodiversité » et « des mécanismes de paiement pour les services écosystémiques ». Il a précisé que l’Agence Française de Développement accompagnerait cette stratégie « par un projet spécifique de 17 millions d’euros ».
« Il n'y a pas de temps d'opposer le climat et le développement », a conclu le président français, se félicitant d’« un partenariat amical, fraternel, respectueux et gagnant-gagnant » entre le Gabon et la France.
Le Bassin du Congo s’étend sur plusieurs États d’Afrique centrale et demeure l’une des dernières grandes forêts tropicales primaires de la planète. Il abrite d’importantes zones de tourbières renfermant jusqu’à 30 milliards de tonnes de carbone, et certains scientifiques estiment qu’il peut absorber jusqu’à 1,5 milliard de tonnes de CO₂ par an, ce qui en fait « le plus important puits de carbone forestier » au monde, selon le Forum économique mondial.
Cependant, cette capacité reste fragilisée par l’accélération de la déforestation et de la dégradation forestière, liées notamment à l’exploitation du bois, à l’orpaillage illégal, à l’expansion agricole et aux effets du réchauffement climatique, qui réduisent progressivement la capacité d’absorption de carbone de cet écosystème essentiel.
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