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Est de la RDC : Des experts de l'ONU déplorent une crise humanitaire "alarmante" et appellent à une solution politique

- "Toutes les parties doivent retourner à la table des négociations de bonne foi", indiquent-ils

Ekip  | 06.02.2025 - Mıse À Jour : 08.02.2025
Est de la RDC : Des experts de l'ONU déplorent une crise humanitaire "alarmante" et appellent à une solution politique

Tunisia

AA / Tunis / Fatma Ben Amor

Des experts des Nations unies ont exprimé jeudi leur "vive inquiétude" quant aux besoins urgents de protection et aux conditions de vie désastreuses des civils déplacés dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), appelant toutes les parties à "retourner à la table des négociation".

"Nous exprimons notre profonde inquiétude face aux informations faisant état d'attaques aveugles et d'assassinats ciblés de civils, notamment sur la base de leur appartenance ethnique, d'exécutions sommaires, de graves incidents de violence sexuelle liés au conflit et visant les femmes et les filles, de civils soumis à la conscription et au travail forcés, et d'arrestations arbitraires de personnes déplacées confondues avec des rebelles", ont déclaré les experts, relayés sur le site du l'Index universel des droits de l'homme (UHRI). Ils ont appelé "toutes les parties au conflit de respecter les obligations qui leur incombent en vertu du droit international".

Et de poursuivre : "Malgré le récent cessez-le-feu unilatéral, les personnes déplacées n'ont plus d'abri sûr alors que la crise humanitaire dans l'est de la RDC prend une tournure profondément alarmante".

Les experts onusiens pointent "de graves pénuries de nourriture et d'abris". "Il n'y a pas d'électricité ni d'eau potable, ce qui accroît le risque de flambées infectieuses dans une région sujette aux épidémies", ont-ils informé, notant que "les installations médicales sont débordées".

"La situation est aggravée par le pillage généralisé des installations humanitaires et les refus d'accès à l'aide humanitaire", regrettent-ils.

Accusant la communauté internationale de rester "les bras croisés", ils estiment qu'il "est impératif que les parties prenantes internationales apportent un soutien solide non seulement à la réponse humanitaire, mais aussi aux processus de Nairobi et de Luanda visant à négocier une fin inclusive au conflit".

Tout en appelant le M23 à "cesser ses avancées militaires", en particulier vers Bukavu, ils exhortent toutes les parties à "retourner à la table des négociations de bonne foi, pour l'avenir de la paix et de la sécurité régionales".

Les rebelles du M23 ont pris le contrôle, ce mercredi 5 février, de la cité de Nyabibwe dans le territoire de Kalehe, province du Sud-Kivu, après d'intenses combats avec les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), ont rapporté des médias locaux. Une information confirmée à Anadolu par la société civile locale.

La rébellion a pourtant décrété un cessez-le-feu unilatéral pour des raisons humanitaires le 3 février, affirmant qu’elle n’avait pas l’intention de prendre la ville de Bukavu ou d’autres localités.

Le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a réagi en affirmant que le cessez-le-feu unilatéral qui a été décrété par le M23 était comme d'habitude un "leurre".

La semaine dernière, les rebelles du M23 ont pris le contrôle de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, après d'intenses affrontements avec les FARDC.

Quelque "2 000 corps ont été récupérés dans les rues de Goma ces derniers jours et 900 corps sont à la morgue", a dit la cheffe adjointe de la mission de l'ONU en RDC, Vivian van de Perre, précisant que ce bilan pourrait encore s'alourdir. Un précédent bilan faisait état de 900 morts.

Le Mouvement du 23 Mars (M23) a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la MONUSCO. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.

Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe "terroriste" et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.

Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.

Pour Kigali, "la question du M23 est une menace sécuritaire pour le Rwanda". "La RDC, à cause de l’assimilation permanente du M23 au Rwanda, a bâti une large coalition militaire avec des soldats burundais, avec des mercenaires européens, des miliciens Wazalendo et des génocidaires FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, NDLR)", avait soutenu le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, dans une interview accordée à Africa 24.

Ces alliances, selon Nduhungirehe, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.



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