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Cameroun : Journée ville morte dans les régions anglophones

- Après plusieurs jours d'affrontements opposant l'armée camerounaise aux séparatistes anglophones.

Lassaad Ben Ahmed  | 23.04.2018 - Mıse À Jour : 23.04.2018
Cameroun : Journée ville morte dans les régions anglophones

Cameroon

AA / Yaoundé / Peter kum

Après plusieurs jours d'affrontements avec les sécessionnistes, seule l’armée camerounaise sillonnait, lundi, les deux régions anglophones du Sud-ouest et du Nord-ouest du Cameroun, a appris le correspondant d’Anadolu de source officielle.

Les deux régions observaient, en effet, «la ville morte» après les combats qui se sont déclarés depuis vendredi, faisant plusieurs morts, aussi bien dans les rangs de l’armée que des sécessionnistes.

Des tracts annonçant l’opération de la ville morte et mettant en garde les personnes qui sortiront de leurs maisons circulaient dans les deux régions depuis vendredi, à l’appel du mouvement sécessionniste.

Ce mouvement réclame la libération du président autoproclamé du mouvement séparatiste du présumé Etat d’Ambazonie, Ayuk Sisiku Tabe.

Ce dernier, ainsi qu'une quarantaine d’autres séparatistes avaient été interpellés au Nigéria le 5 janvier 2018 et extradés, plusieurs semaines après, à Yaoundé où ils sont jusque-là gardés dans des prisons.

Dans les deux régions anglophones camerounaises du Nord-ouest et du Sud-ouest, de violents affrontements ont eu lieu depuis vendredi selon le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo.

«Vendredi, des groupes armés ont attaqué le convoi du gouverneur du Sud-ouest alors qu’il se rendait à Lebialem pour installer dans ses fonctions le nouveau préfet nommé le 6 avril dernier», rapporte Joseph Beti Assomo.

«Le convoi a été attaqué en aller comme au retour. Les attaques ont été repoussées par les forces de défense qui accompagnaient le gouverneur. Nous avons enregistré quelques blessés», souligne le membre du gouvernement.

Le gouverneur du Sud-ouest qui a échappé à cette attaque, révèle que lundi, un autre groupe armé s’est attaqué aux forces de sécurité toujours dans la localité de Lebialem.

«Un char de l’armée qui était coincé sur un pont et un engin qui était envoyé à sa rescousse ont été incendiés par des assaillants», informe le gouverneur du Sud-ouest, Bernard Okalia Bilai, tout en ajoutant qu’un militaire qui gardait le char a été égorgé.

Il a indiqué, par ailleurs, que la nuit de dimanche à lundi a été ponctuée par des combats entre des sécessionnistes et l’armée dans la ville de Kumba située dans le Sud-ouest.

«Pour l’heure, nous n’avons pas de bilan. D’ici la fin de la journée on fera le point de cette attaque», informe le gouverneur.

«Des combats se multiplient et les séparatistes s’adaptent par rapport à l’armée. Vendredi, des assaillants ont tué deux militaires à Lebialem à l’aide d’une mine. C’est la toute première fois qu’ils utilisent un engin explosif», déclare le gouverneur.

Dans la région du Nord-ouest plusieurs affrontements ont été enregistrés entre vendredi et lundi selon le gouverneur de la région, Adolphe Lélé Lafrique.

«Nous avons eu des combats à Belo où un officier de l’armée a été kidnappé, jeudi, et deux militaires tués vendredi», informe le gouverneur.

D'un autre côté, la Commission nationale des droits de l’Homme au Cameroun a indiqué que l’armée a tué des civils et incendié plusieurs maisons à Belo.

«Au moins dix personnes qui se cachaient dans ces maisons, ont été brûlées vives», regrette la Commission.

En revanche, le ministère de la Défense indique que les maisons ont été incendiées par des séparatistes.

En tenant son congrès, samedi dernier, le principal parti de l’opposition camerounaise, le Social Democratic Front (SDF), a dans un communiqué publié après les travaux, demandé à Paul Biya «de mettre immédiatement fin à la guerre qu’il a déclarée et à la spirale de violence dont les populations locales paient le plus lourd tribut».

La crise qui paralyse les deux régions, avait débuté en octobre 2016 par un mouvement d’humeur des avocats, des enseignants et des étudiants anglophones qui demandaient une meilleure prise en charge par le Gouvernement.

Des séparatistes en ont saisi de cette grève pour demander certaines revendications dont la sécession du Cameroun et l’indépendance des régions anglophones.

Des revendications qui restent pour le moment lettre morte aux yeux du régime. «Le Cameroun est un et indivisible. Il le demeurera», leur avait répondu Paul Biya le 31 décembre 2017 dans son discours de vœux pour la nouvelle année.

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