Afrique

Boko Haram : Meurtre et agonie

L'assassinat par le chef de Boko Haram de son porte-parole serait doublement significatif ; il refléterait d'une part la volonté d'Abubacar Shekau de faire signe de vie, et de l'autre, l'embarras d'un groupe extrémiste aux abois.

Mohamed Hedi Abidellaoui  | 25.02.2017 - Mıse À Jour : 26.02.2017
Boko Haram : Meurtre et agonie

Tunis


AA/ Tunis/ Peter Kum-Mohamed Abdellaoui

Les pas de Boko Haram vers le précipice s'accélèrent, de l’avis d’analystes interrogés par Anadolu, après l’assassinat par le chef de Boko Haram Abubakar Shekau de son porte-parole Abu Zinnira, alias « Tasiu ».

Shekau en a fait part vendredi dans un message sonore consulté par des médias. Il a indiqué avoir achevé son bras droit pour "infidélité", lui reprochant le fait d’avoir comploté contre lui.

Abu Zinnira jouait le rôle de porte-parole dans plusieurs vidéos du groupe, dont celle se rapportant à l'enlèvement des lycéennes de Chibok, en 2014.

Cette tuerie au sein du groupe secoué par des luttes fratricides ces derniers temps, en raison de la scission d’un groupe dirigé par l’ancien responsable de la logistique de Boko Haram, Abu Musab al-Barnawi, ne cesse de défrayer la chronique dans les pays touché par les opérations terroristes du groupe.

Au Cameroun, militaires et observateurs approchés par le correspondant d’Anadolu s’accordent à dire que le groupe armé nigérian, ne savant plus sur quel pied danser, semble avoir pris le chemin de l’autodestruction.

* Signe de vie

Nkou Mvondo, spécialiste des questions sécuritaires et enseignant à l’Université de Ngaoundéré au Cameroun, soutient que Shekau a voulu, par ce meurtre, envoyer un message à ses vis-à-vis de Daech, groupe auquel il avait prêté allégeance ainsi qu’à ses coéquipiers. Il voulait, ainsi, montrer qu’il est encore puissant et que quiconque tentera de comploter contre lui aura le même sort que son porte-parole.

L’analyste pense néanmoins que la vraie portée de ce meurtre est d’un tout autre ordre. Le groupe est, à bien des égards, agonisant, dit-il. Surtout après avoir significativement perdu du terrain, dès lors que la Force multinationale mixte (FMM- constituée de troupes issues des pays riverains du lac Tchad), a très bien resserré l’étau, le contraignant à se rétracter..

« Une autre faction de Boko Haram s’est créée ayant à sa tête Abu Musab al-Barnawi, fils du fondateur historique de Boko Haram, Mohammed Yusuf. Plusieurs fidèles de Shekau ont suivi le nouveau leader, dont Abu Zinnira. C’est pourquoi Shekau parle d’« infidélités. Je pense que le groupe vit ses derniers jours, les divisions étant assez fragilisantes pour accélérer le déclin de tel ou tel groupe, quelle que soit sa force », explique l’analyste.

N’y allant pas par quatre chemins, le commandant du Secteur 1 de la Force multinationale mixte (FMM) pour la lutte contre Boko Haram, Bouba Doubekréo, y relève les prémices de la fin. La fin d’un groupe qui a tant terrorisé les populations du lac Tchad et des pays riverains, notamment le Cameroun, le Nigéria, le Tchad et le Bénin.

* Fragilité annonciatrice de la fin

« Les hommes de Shekau se trouve plus au sud, précisément dans la forêt de Sambisa (Nord-est du Nigéria) alors que ceux d’al-Barnawi évoluent sur les pourtours du lac Tchad. Les deux groupes ont perdu des hommes, plusieurs enfants qui étaient recrutés sont rentrés dans leurs villages. Boko Haram s’est donc fragilisé et les dissidences internes ont déjà impacté l’homogénéité du groupe », fait observer le militaire camerounais.

Pour lui, s’il y a une conclusion à tirer, c'est bien la suivante : « La division n’a jamais fait avancer un peuple ou un groupe ».

En décembre dernier, l'armée nigériane a affirmé avoir chassé Boko Haram de la forêt de Sambisa, bastion de la faction Shekau, dont les combattants se sont retranchés plus au nord, vers Marte.

La faction d'Al-Barnaoui, elle, a pris d’assaut les contours du lac Tchad, près de la frontière du Niger, et est toujours active et mène des attaques à répétition contre les militaires et les forces de sécurité. Pas plus tard que la semaine dernière, quatre soldats camerounais ont trouvé la mort dans l'explosion d'une mine attribuée à Boko Haram, dans une localité de l'Extrême-Nord camerounais.

Malgré les revers qu’il a essuyés depuis l’entrée en fonction de la Force multinationale mixte et l’élection du nouveau président nigérian Muhammadu Buhari, Boko Haram continue à bouger. Bien que fragilisé également par les dissensions internes, il ne cesse de perpétrer des exactions régulières contre civils et militaire.

Assurant le président nigérian de son soutien au cours d'un récent entretien, le président américain fraîchement élu, Donald Trump, a encouragé le président nigérian Muhammadu Buhari à continuer « son excellent travail », promettant d’aider le pays à mieux combattre le terrorisme », en lui fournissant les équipements militaires nécessaires.

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