Un pain de savon, la «recette miracle» contre le paludisme en Afrique !
Afin de mieux lutter contre un fléau qui a fait plus de 400 mille morts en 2015 (OMS), un jeune entrepreneur africain a mis au point un savon de prévention contre le paludisme, primé en 2013 en tant que «meilleure idée d'entrepreneuriat sociale» par l’université de Berkeley (USA)
Burkina Faso
AA/Ouagadougou/Olympia de Maismont
Un peu de citronnelle, de souci officinal (plante à fleurs jaunes ou orangées), de karité, et d’autres ingrédients qui «resteront secrets», et voilà un savon suffisamment efficace pour éradiquer l’un des plus grands fléaux de l’Afrique : Le paludisme.
Il fallait y penser ! Et c’est ce qu'un jeune africain, Gérard Niyondiko a fait, en mettant au point une recette «miracle» qui tient en quelques centimètres carré et qui réduirait par deux, à ses dires, les risques de contamination grâce à un effet répulsif et larvicide.
Le paludisme, une infection parasitaire transmise par des moustiques femelles - qui se développent dans les eaux stagnantes- et ayant fait plus de 400 mille morts (dont 91% en Afrique subsaharienne), selon le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), résiste encore à tous les remèdes. Alors qu'aucun vaccin n’existe non plus contre la maladie, «Faso Soap» pourrait bien être une réponse locale et accessible.
«Malgré les progrès de la médecine, malgré les progrès gouvernementaux dans la distribution massive de moustiquaires imprégnées (arme numéro 1 dans la lutte contre le paludisme), il y a toujours un enfant qui meurt toutes les deux minutes à cause du palu», rappelle Gérard Niyondiko, fondateur de la start-up "Faso Soap", rencontré par Anadolu, à Ouagadougou.
"Partant de ce constat, nous avons eu l’idée de réunir des plantes répulsives dans un produit peu coûteux du quotidien pour lutter contre le paludisme. Faso Soap, est un savon anti-moustiques destiné aux populations les plus vulnérables et les plus exposées au paludisme, surtout en Afrique", ajoute-t-il.
D’origine burundaise, Gérard Niyondiko, a débuté sa formation universitaire avec une licence en chimie avant d’enseigner la matière dans le cursus secondaire. Mais passionné par la savonnerie depuis son enfance, et ayant «toujours voulu entreprendre», il s'est mis rapidement à rêver «d’avoir sa propre entreprise de fabrication de savons».
«Au cours de ma licence en chimie j’ai travaillé sur les plantes médicinales ce qui m’a donné l’opportunité de découvrir leurs vertus notamment répulsives», c’est de là qu’est née l’idée d’allier la prévention contre le paludisme à la savonnerie.
En 2013 «Faso Soap» reçoit le prix mondial de «la meilleure idée d'entrepreneuriat sociale» organisé par l’université californienne de Berkeley et reçoit la somme de 25 000$. Cette somme a permis à l'entrepreneur, de poursuivre ses recherches, puis, en 2014, d’élaborer le premier prototype du savon à l’institut textile et chimique de Lyon (France- ITECH).
"Une fois les prototypes en main, de nombreux tests devaient être réalisés en laboratoires spécialisés afin de vérifier leur efficacité et plus précisément celle des principes actifs utilisés afin de valider la meilleure formulation possible", relate Niyondiko.
"Malheureusement ces tests étaient très onéreux et nous avons donc soumis notre projet à plusieurs organisations, mais c’était compliqué d’obtenir un financement car ces grandes organisations telles que l’OMS ou l’UNICEF ne collaborent pas avec des particuliers mais avec des programmes gouvernementaux".
En avril 2016, "Faso Soap" se lance donc dans le financement participatif, avec pour premier objectif de récolter la somme de 30 mille euros afin de financer la totalité des tests. La start-up parvient finalement à récolter plus de 70 mille euros.
"Cette somme nous permettra de réaliser, au cours du mois d'août prochain, des tests en laboratoires et la fabrication de nouveaux prototypes jusqu’à l'obtention des effets désirés, au Centre national de recherche et de formation sur le paludisme (CNRFP) à Ouagadougou", informe l'entrepreneur.
L’un des principaux objectifs de "Faso Soap" est de fabriquer un savon efficace pour une durée minimale de six heures et de sauver, d’ici 2018, 100.000 personnes du paludisme dans les six pays africains les plus touchés par la maladie infectieuse, peut-on lire sur le site de la start-up.
Pour atteindre cette objectif Niyondiko envisage de se tourner désormais vers la micro-capsulassions. «On est entrain de construire un partenariat avec une structure française pour travailler avec la micro-capsulassions, une des théories les plus abouties pour stabiliser sur le long terme les huiles essentielles».
Une fois les étapes préliminaires terminées, et si elles sont concluantes, "Faso Soap" espère commercialiser prochainement son produit dans d’autres pays. «On ne se focalise pas sur le Burkina, notre objectif est vraiment de sauver un maximum de vies à travers le continent», dit-il.
«Le paludisme, c’est une maladie de la pauvreté. Les gens meurent du palu parce qu’ils n’ont pas les moyens de s’acheter les médicaments, ou de se protéger et on veut lutter contre ça».
Si le prix final n'a pas encore été établi, Niyondiko espère pouvoir commercialiser son savon au plus bas prix. "Nous voulons que notre savon soit le moins cher possible comparativement aux savons disponibles sur le marché pour qu’il puisse être acheté sans difficulté".
L’objectif de "Faso Soap" c’est d’être adopté par une large population et d’avoir le même usage que les savons d'usage quotidien. "En Afrique, les populations les plus pauvres achètent des savons qu’ils utilisent pour plusieurs fonctions : le ménage, la toilette et le lavage du linge. On aimerait que notre savon soit utilisé de la même manière et ainsi être intégré dans le quotidien des gens qui n'auront pas à changer leur mode de vie", dit-il encore.
Un projet que les populations attendent avec la plus grande impatience, selon des témoignages recueillis par Anadolu au Burkina où 864 personnes sont mortes en 2015 du paludisme, selon des statistiques officielles.
Judicael Sawadogo, habitant d'un quartier non loti de la capitale raconte que "beaucoup de gens sont morts du palu dans [s]on quartier surtout des femmes enceintes parce qu'elle n'avaient pas l'argent nécessaire pour les médicaments. Si on peut trouver un savon qui protège, cela serait vraiment bien pour nous, surtout s'il n'est pas cher".
Du côté du gouvernement burkinabé, on préfère attendre les "résultats" de Faso soap avant de commenter l'invention.
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