Les opérations israéliennes ont plongé l'économie palestinienne dans son « recul économique le plus grave », selon l'ONU
- L'ensemble de la population de Gaza est tombée dans une « pauvreté multidimensionnelle », tandis que la Cisjordanie est confrontée au « recul économique le plus grave » jamais enregistré, déclare la CNUCED
Geneve
AA / Genève / Beyza Binnur Donmez
Un nouveau rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a averti mardi que les opérations militaires israéliennes prolongées ainsi que les restrictions de longue date ont plongé l'économie des territoires palestiniens occupés dans la « plus grave contraction économique » jamais enregistrée.
Le rapport a révélé que deux années d'opérations militaires et de restrictions israéliennes ont « provoqué un effondrement sans précédent de l'économie palestinienne ».
La CNUCED a déclaré que ce ralentissement s'inscrit dans un contexte de fragilité profonde, avec de graves conséquences sociales et environnementales.
Les dommages considérables causés aux infrastructures, aux actifs productifs et aux services publics ont inversé des décennies de progrès socio-économiques, explique le rapport.
La crise économique globale figure parmi les « 10 pires crises mondiales depuis 1960 », tandis que la situation à Gaza se distingue comme « la crise économique la plus grave jamais enregistrée ».
La CNUCED a déclaré que la chute des recettes et la suspension des transferts fiscaux par le gouvernement israélien ont fortement limité la capacité du gouvernement palestinien à maintenir les services essentiels. Cela survient à un moment où « des dépenses massives sont nécessaires pour reconstruire les infrastructures détruites et faire face à l'aggravation des crises environnementales et socio-économiques ».
À la fin de 2024, le PIB palestinien était retombé à son niveau de 2010, tandis que le PIB par habitant était revenu à celui de 2003, « effaçant 22 ans de progrès en matière de développement en moins de deux ans », note le rapport.
- La reprise à Gaza pourrait prendre des décennies, même avec une aide importante
Depuis près de deux décennies, les 2,3 millions d'habitants de Gaza vivent sous de sévères restrictions en matière de circulation, de commerce et d'accès aux ressources. Les opérations militaires israéliennes récurrentes et les restrictions sur les marchandises et les intrants productifs ont démantelé la base économique de l'enclave.
Le PIB de Gaza a chuté de 83 % en 2024 par rapport à 2023, soit une baisse totale de 87 % en deux ans, pour atteindre 362 millions de dollars. Le PIB par habitant est tombé à 161 dollars, « l'un des plus bas au monde », déclare l'agence onusienne.
La CNUCED avertit que les perturbations dans les domaines de l'éducation, des soins de santé et des services de base auront des effets à long terme sur le capital humain.
Le rapport affirme que même avec une aide importante, la reprise pourrait prendre des décennies. Il souligne que « pour permettre une reprise significative, la communauté internationale doit garantir la durabilité du cessez-le-feu conclu en octobre 2025 », tout en insistant sur le fait que l'aide humanitaire « ne peut attendre ».
Il détaille comment l'expansion des colonies et les restrictions de mouvement continuent de fragmenter la Cisjordanie, affectant plus de 3,3 millions de personnes.
La CNUCED a averti que les pressions budgétaires se sont fortement accrues en raison de la retenue des recettes, de la baisse du soutien des donateurs et de la contraction de l'économie. Entre janvier 2019 et avril 2025, les déductions et les transferts retenus ont totalisé 1,76 milliard de dollars, soit 12,8 % du PIB de 2024.
Le rapport estime que les besoins de reconstruction et de relèvement de Gaza dépasseraient 70 milliards de dollars. Il appelle à une action internationale urgente et coordonnée pour mettre fin à la chute libre de l'économie, rétablir les transferts fiscaux, assouplir les restrictions et élaborer un plan de relèvement global pour le territoire.
* Traduit de l'anglais par Mariem Njeh
